À chaque génération de consoles, son vainqueur: depuis le lancement de nouveaux modèles il y a deux ou trois ans, Sony, maître du genre avec sa PlayStation, a été balayé par la vague Wii du vétéran Nintendo, tandis que le petit dernier Microsoft a réussi à se faire une place.

Arrivé sur ce marché en 1994, Sony s'est très vite imposé avec sa PlayStation, à la barbe de Nintendo, seul survivant d'une industrie qui a vu succomber de nombreux constructeurs depuis trente ans, dont le pionnier, l'américain Atari, et plus récemment le japonais Sega.

Des personnes participent à un tournoi de tennis virtuel sur la console Wii, le 7 juin 2008 dans la banlieue de New York.

Sans être un échec, la dernière née des PlayStation, la PS3, a eu un parcours difficile et aura du mal à égaler le record de ses prédécesseurs (plus de 100 millions de PS1 et 140 millions de PS2 vendues, ce dernier modèle étant encore disponible).

«Son lancement tardif», pour cause de problèmes de fabrication, lui a porté un coup fatal, selon Van Baker, analyste du cabinet Gartner.

Initialement attendue au printemps 2006, la console n'est apparue dans les rayons qu'en fin d'année aux Etats-Unis et au Japon, puis en mars 2007 en Europe où elle a reçu un accueil très mitigé, loin de l'affluence coutumière suscitée par ce type de lancement.

«Sony a laissé son grand rival Microsoft» et sa Xbox 360, lancée fin 2005, «s'emparer du marché», souligne M. Baker.

Après une première expérience peu concluante au début des années 2000, le géant américain a multiplié les campagnes de publicité et les baisses de prix pour attirer les chalands. Sa console est désormais la moins chère des trois (179 euros, contre 249 pour la Wii et 399 pour la PS3).

Une stratégie «agressive» encouragée par la crise qui «nous a permis de creuser l'écart ces derniers mois dans les régions où nous étions en retrait historiquement, notamment en Europe du Sud», explique François Ruault, directeur de la division grand public de Microsoft France.

«Le prix relativement élevé de la PS3 nous pénalise», reconnaît Georges Fornay, président de Sony Computer Entertainment dans l'Hexagone. Mais difficile de le baisser alors que «la machine n'est pas rentable», d'autant plus que le groupe nippon traverse une passe difficile.

Conséquence, la PS3, avec 21 millions d'unités vendues dans le monde, peine à rattraper son retard sur la Xbox 360 (28 millions), la Wii restant largement dominante avec 45 millions d'exemplaires livrés, selon les chiffres des constructeurs.

M. Fornay tient toutefois à relativiser la situation: «nous avons réalisé le plus gros chiffre d'affaires de notre histoire en 2008 et nous n'avons jamais vendu aussi cher!», s'exclame-t-il.

Quant au lecteur Blu-ray intégré à la PS3, qui permet de visionner des films en haute définition, certes il «grève le prix», admet-il, mais «le temps joue pour nous»: «notre machine est faite pour durer», tandis que la Xbox 360 va très vite devenir obsolète, selon lui.

Face à ces deux consoles ultra-puissantes, Nintendo a fait un tout autre pari avec la Wii qui a séduit un large public, des femmes aux seniors, grâce à son mode de jeu basé sur la reconnaissance des mouvements.

Le vétéran japonais, présent depuis les années 1980, «a trouvé la bonne combinaison alors qu'il s'était trompé sur les deux précédentes machines (la Nintendo 64 en 1996 et la GameCube en 2001, ndlr)», estime Laurent Michaud, de l'Institut de l'audiovisuel et des télécoms en Europe (Idate).

Et Nintendo ne compte pas s'arrêter là: «notre potentiel de progression est encore fort», assure Stephan Bole, directeur de la filiale française.