Les jeunes qui jouent à des jeux vidéo le font pour relaxer, oublier leurs problèmes, mais rarement pour le seul plaisir de jouer à des jeux violents.

C'est une des conclusions à laquelle en sont arrivés Lawrence Kutner et Cheryl Olson, chercheurs à l'École de médecine de Harvard, qui ont mené une vaste enquête à la fin de 2004 pour déterminer les habitudes des jeunes en matière de jeux vidéo.

Ils ont publié ce printemps leurs résultats dans un livre appelé «Grand Theft Childhood» et sont venus les partager au Sommet du jeu vidéo qui s'est tenu à Montréal cette semaine.

Ils ont notamment découvert que la plupart des jeunes ont déjà joué à des jeux vidéo qui sont destinés à des adultes avertis.

Chez les garçons, le jeu «Grand Theft Auto» remportait la palme des jeux les plus populaires, tandis qu'il arrivait deuxième chez les filles, qui lui préféraient «The Sims».

En lisant les questionnaires remplis par 1250 jeunes âgés entre 12 et 14 ans, les chercheurs ont découvert que leurs raisons pour jouer à des jeux vidéo sont variées. La violence est rarement nommée.

Comme facteur qui les faisaient revenir à un jeu, les enfants ont mentionné le plaisir qu'ils avaient à jouer, les choses qu'ils y apprenaient ou encore la compétition qu'ils y retrouvaient.

Mais le quart de ces jeunes jouaient aussi pour oublier leurs problèmes, passer leur agressivité ou encore se sentir moins seuls. Lorsque les jeux vidéo sont utilisés à ces fins de manière modérée, il s'agit d'un effet bénéfique trop souvent oublié, dit Cheryl Olson.

«J'aime mieux voir un jeune qui se sent seul jouer à des jeux vidéo que de le voir boire», dit-elle.

Les jeunes à qui on a demandé ce qu'ils ne voudraient pas que leurs jeunes frères ou soeurs voient dans les jeux vidéo avaient, étonnamment, les mêmes préoccupations que leurs parents à leur égard.

La violence n'était pas au centre de leurs préoccupations. Lawrence Kutner souligne que les jeunes savent que la violence qu'ils voient dans les jeux est déconnectée de ce qui arrive dans le monde réel.

«Ils s'inquiétaient beaucoup plus du langage utilisé dans les jeux vidéo, comme les sacres. Ils savent que c'est quelque chose qui peut être transposé dans la vraie vie», dit-il.

La sexualité dans les jeux vidéo était également une préoccupation des jeunes, timides quand venait le temps de parler des baisers que s'échangent certains personnages de jeux.

Les chercheurs croient qu'avec le temps, les jeux vidéo deviendront moins violents et plus subtils.

«C'est comme les films : les poursuites policières sont faciles à tourner, mais les gens recherchent souvent plus que ça», dit Lawrence Kutner.