La saison des Fêtes est la plus faste pour les éditeurs de jeux vidéo, qui en profitent pour dévoiler leurs titres les plus prometteurs. Ça explique pourquoi l'industrie du jeu vidéo montréalais semble en fête, ces jours-ci, malgré un pessimisme généralisé qui risque de réduire la taille des cadeaux de Noël de nombreux foyers, tant au Canada qu'à l'étranger.

Il y a 10 jours, l'éditeur américain Electronic Arts (EA) publiait ses résultats financiers de deuxième trimestre. En dépit d'une hausse des revenus par rapport à l'an dernier, le géant californien fait état de pertes de 310 millions US. Le licenciement de 6% de sa main-d'oeuvre, soit tout près de 600 emplois, a du coup été annoncé. Cette mesure lui fera épargner 50 millions US par année, estime-t-on.

 

Le PDG d'Electronic Arts pense que ces coupes sont nécessaires en raison d'une saison des Fêtes au ralenti et d'une croissance à moyen terme moins forte que prévu. «En tenant compte du ralentissement des ventes au détail observé en octobre, nous préférons être prudents à court terme, a-t-il déclaré par voie de communiqué. À plus long terme, nous sommes plus optimistes pour l'ensemble du secteur. L'industrie devrait revenir à une croissance dans les deux chiffres grâce au pouvoir d'attraction des trois consoles sur le marché (Microsoft Xbox360, NintendoWii et Sony Playstation3) et au nombre de foyers possédant un accès internet à large bande.»

Pour EA, la dernière coupe de ce genre a eu lieu à la fin de 2007, alors que l'entreprise a remercié 350 personnes. Le nombre total d'employés dans les différents studios de l'éditeur californien est néanmoins en hausse d'environ 10% par rapport à l'année dernière, étant passé de 8239 à plus de 9000, en comptant les coupes annoncées.

Les joueurs canadiens s'essoufflent

Dans le cadre du Sommet international du jeu de Montréal, qui aura lieu la semaine prochaine au Palais des congrès, le chapitre canadien de l'Entertainment Software Association (ESA Canada) publiera le résultat d'un vaste sondage sur l'état de ce secteur au pays. Le constat: la forte demande des dernières années s'essouffle. Les revenus tirés de la vente d'appareils et de logiciels de divertissement au Canada ont bondi de plus de 50% entre 2006 et 2007.

Entre 2008 et 2012, cette croissance sera plutôt de 9,2% par année, selon PricewaterhouseCoopers, et sera essentiellement concentrée dans le secteur de la téléphonie mobile et des jeux familiaux, comme la populaire planche de jeu WiiFit, qui fonctionne avec la console de Nintendo.

Bref, la croissance totale des cinq prochaines années sera équivalente à celle de l'année dernière seulement. Ce qui ne veut pas dire que ça va mal, nuance Nicole Helsberg, directrice des relations publiques d'ESA Canada. «L'industrie demeure en croissance malgré le renversement de la conjoncture économique», dit-elle. Mme Helsberg était à Montréal en fin de semaine pour assister au festival Arcadia, une fête du jeu vidéo qui vise à présenter les nouvelles tendances en la matière au grand public. «Le Canada abrite deux des trois plus grands studios de jeu vidéo au monde et les développeurs canadiens sont reconnus comme étant très talentueux et particulièrement bien formés.»

Selon elle, c'est d'ailleurs ce qui devrait permettre à Montréal, en particulier, de continuer à grandir malgré le contexte économique plus difficile. «Montréal se distingue de Vancouver parce que sa croissance repose sur des crédits fiscaux et sur un système d'éducation qui connaissent beaucoup de succès», dit-elle.

Voilà un joli cadeau d'ESA Canada pour les organisateurs du Sommet du jeu de Montréal, puisque l'événement vise justement à vanter les mérites de la métropole québécoise, à des joueurs de l'industrie provenant des quatre coins de la planète.