À deux jours de son ouverture, le festival de jeux vidéo Arcadia, qui a obtenu du gouvernement du Québec des commandites d'au moins 25 000$ l'année dernière, est dans la tourmente. Plusieurs de ses fournisseurs poursuivent le producteur pour non-paiement de factures datant de 2007.

Tennis Canada, propriétaire du stade Uniprix, où a eu lieu le festival l'année dernière, s'ajoute aux créanciers et réclame 109 000$ pour rupture de contrat.

Selon une entente de deux ans, le festival, qui en est à sa quatrième année et a attiré 25 000 visiteurs l'an dernier, devait avoir lieu au stade Uniprix cette année encore. Mais les organisateurs ont décidé de le déplacer au Forum Pepsi, rue Sainte-Catherine Ouest, pour des raisons stratégiques.

«La somme réclamée tient compte du fait que les producteurs du festival n'ont pas respecté leur engagement et qu'ils nous ont demandé de faire certains travaux, comme la construction d'un plancher», a expliqué le porte-parole de Tennis Canada, Louis-Antoine Paquin.

Le producteur du festival de jeux vidéo, François Décarie (aucun lien avec le président d'Ipsos-Descarie), que ses créanciers décrivent comme un «chasseur de commandites», devrait aussi au total 60 500$ à sept entreprises, indique la poursuite.

«Si le festival avait déclaré faillite l'année dernière, on se serait dit: "Tant pis, on y a cru. Dommage que ça n'ait pas fonctionné." Mais là, ce qu'on ne comprend pas, c'est que les organisateurs sont dans le rouge et continuent à recevoir des fonds publics», dénonce Francis Normandeau, copropriétaire de MNOP, fournisseur d'objets promotionnels qui réclame plus de 18 000$ au festival.

Financement de Québec

Selon son site web, Arcadia compte notamment parmi ses commanditaires majeurs Tourisme Montréal et le gouvernement du Québec.

Le ministère du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation lui a versé 20 000$ l'année dernière et le ministère de la Culture, 5000$. Les ministères du Tourisme et des Affaires municipales ont également payé certaines sommes pour des commandites, mais il a été impossible de les confirmer hier. Le gouvernement étudie actuellement une nouvelle demande de commandite pour le festival, qui commencera vendredi.

«Si le dossier n'est pas encore réglé, c'est probablement parce que les gens qui l'étudient sont au courant de ces problèmes», a indiqué la porte-parole du ministère du Développement économique, France Verrette.

Des hauts et des bas

Joint en après-midi, M. Décarie a reconnu qu'il devait toujours certaines sommes à ses fournisseurs de l'année dernière. «Ça représente au maximum 25 000$, a-t-il dit. Comme tous les festivals, nous vivons des hauts et des bas. Gilbert Rozon (organisateur du Festival Juste pour rire) et Alain Simard (Festival de jazz et FrancoFolies) ruent dans les brancards chaque année pour trouver des commanditaires. Moi, mon festival est encore un bébé et j'ai toujours été sous-financé. Après trois ans, on commence à peine à marcher. C'est bien normal qu'il y ait des dettes. Mais chose certaine, ces créances, j'ai bien l'intention de les respecter.»

Selon le producteur, cette poursuite à quelques jours du début du festival est une «vengeance» orchestrée par les créanciers. «Il y a des fournisseurs là-dedans qui n'ont pas fait leur boulot comme il faut et qui sont frustrés de ne pas avoir été embauchés cette année», a affirmé M. Décarie.

Le festival Arcadia est l'une des rares rencontres du jeu vidéo au monde à réunir sous le même toit des stands animés par Nintendo, Xbox et PlayStation. En 2005, lors de sa création, le festival a fermé ses livres avec un manque à gagner de 150 000$, a précisé M. Décarie. «Le premier créancier du festival, c'est moi-même», a-t-il ajouté.