Les sociétés aériennes sont durement touchées par le coût grandissant du pétrole, déjà la deuxième crise en importance en 10 ans pour cette industrie. À la recherche de nouveaux revenus, elles sont de plus en plus nombreuses à se tourner vers le divertissement payant en vol, du jeu vidéo à la connexion internet. Bienvenue à l'ère de l'avionique personnalisée...

Le divertissement en vol, ou IFE (pour Inflight Entertainment), n'est rien de bien nouveau. En fait, selon l'Association mondiale du divertissement en vol (WAEA), la première diffusion d'un film à bord d'un avion de ligne remonte à 1921.

Sauf que, depuis, le concept a beaucoup évolué. On inclut désormais dans le divertissement en vol toute forme d'interaction entre un passager et du contenu électronique, des films programmés par la ligne aérienne à l'éventuelle connexion à internet sans fil embarquée, qu'on nous promet depuis quelques années déjà. Et on découvre soudainement que ce type d'interaction, pour le moment peu ou pas exploité, peut s'avérer une source de revenus additionnelle.

Moins de vols, plus de services

Déjà en 2001, au moment de la première crise, les compagnies aériennes avaient démontré un certain intérêt envers ce genre de divertissement. «Aujourd'hui, elles veulent s'en servir non seulement pour améliorer leur service, mais aussi pour augmenter leurs revenus», explique Daniel Laplante, directeur de la technologie pour DTI Software.

Avec plus de 150 titres de jeux vidéo adaptés, l'entreprise montréalaise est parmi les plus impliquées dans cette nouvelle tendance de l'industrie. DTI a développé des logiciels, ainsi que des jeux et des services de divertissement en vol actuellement utilisés par plus d'une cinquantaine de compagnies aériennes un peu partout dans le monde. Dans ses cartons, elle possède de nouvelles idées qui pourraient intéresser encore plus ces compagnies aériennes en manque de revenus.

Avant, les compagnies aériennes visaient à offrir des horaires de vol plus flexibles à leurs clients. Avec les coupes que plusieurs font présentement, cette philosophie n'a plus de sens. Leur nouvelle approche? «Maintenant, elles vont miser sur l'expérience de vol», dit M. Laplante. Ce qui signifie que les passagers pourront accéder à de plus en plus de services à bord, la plupart de façon électronique, bien entendu. Et ces services seront payants.

«Le pay-per-play intéresse beaucoup les compagnies aériennes à rabais. Ils ont commencé par faire payer pour les repas, ensuite ce sera pour les films, les jeux vidéo et l'internet, par exemple.» Les sondages effectués auprès de la clientèle vont aussi en ce sens, puisqu'ils concluent généralement qu'une majorité de passagers fréquents seraient prêts à payer de 5 à 10$ par vol pour accéder à l'internet.

La publicité s'envoie en l'air

Ce n'est pas la seule avenue étudiée pour tirer profit du divertissement en vol. Car s'il y a une chose que permettent les nouveaux médias, c'est bien évidemment l'introduction de publicité dans pratiquement toute forme de contenu, du jeu vidéo aux longs métrages. Et à ce jeu, l'un des téléspectateurs les plus captifs est certainement le passager du siège 17G, présentement coincé entre deux autres passagers pas très loquaces, et assis en face d'un petit écran couleur.

Le directeur de la technologie de DTI assure que c'est d'ailleurs l'une des prochaines nouveautés à bord des avions commerciaux: la publicité insérée dans les jeux vidéo ou les films projetés sur ces petits afficheurs individuels. C'est une évolution naturelle de la publicité que l'on retrouve à bord, dans les magazines et les projections de films traditionnelles.

Surtout, c'est une façon pour les compagnies aériennes de générer plus de revenus. Si le passager y trouve son compte, ça leur permettrait d'éponger en partie leurs coûts élevés de carburant sans augmenter directement le prix des billets...