Deux colosses tatoués armés jusqu'aux dents, dissimulant leurs visages sous des masques de gardien de but en acier. C'est le concept -directement inspiré des mercenaires de la société américaine Blackwater- de la toute nouvelle franchise de jeu vidéo issue des bureaux montréalais d'Electronic Arts (EA), Army of Two.

Deux colosses tatoués armés jusqu'aux dents, dissimulant leurs visages sous des masques de gardien de but en acier. C'est le concept -directement inspiré des mercenaires de la société américaine Blackwater- de la toute nouvelle franchise de jeu vidéo issue des bureaux montréalais d'Electronic Arts (EA), Army of Two.

Première «superproduction» d'EA Montréal destinée aux consoles de nouvelle génération (Xbox 360 et PS3), le jeu vidéo aura nécessité des investissements «plus importants que n'importe quelle autre production audiovisuelle québécoise», soutient Alain Tascan, grand patron du studio montréalais d'EA. L'entreprise refuse cependant de révéler le moindre montant.

Le nouveau titre sera acheminé un peu partout dans le monde mardi prochain, et sera sur les tablettes des magasins vendredi prochain.

Electronic Arts se cherchait un concept pour habiller un jeu de tir à la première personne axé sur la coopération (coop shooter). L'idée des deux increvables frères d'armes employés d'une multinationale de mercenaires est venue au producteur Reid Schneider en lisant un article dans le Time sur l'ascension des entreprises militaires privées dans le monde. «Les joueurs de jeux vidéo s'attendent aujourd'hui à un scénario réaliste. L'univers de Blackwater, une firme américaine dont les soldats à contrat peuvent gagnent en moyenne 600$ par jour et qui jouissent d'une immunité contre les poursuites, nous est apparue comme une prémisse intéressante.»

1 milliard de contrats

L'entreprise de mercenaires, renommée Black Mountain Industries pour les besoins du jeu vidéo, a touché dans la vraie vie pour plus de 1 milliard de dollars de contrats du gouvernement américain depuis 2001.

Elle emploie des milliers de soldats en Irak, qui ont été impliqués dans au moins 195 fusillades entre 2005 et 2007, indique un rapport du Comité de surveillance de la réforme gouvernementale du Congrès américain.

«La culture de Blackwater est de tirer en premier -de tuer parfois des gens- et de poser des questions ensuite», a déjà affirmé à la BBC le représentant démocrate Elijah Cummings, qui s'est attardé à la question.

Dans le cadre du jeu, le deux héros mettent généreusement à profit leur savoir-faire militaire en Somalie, en Irak, en Chine, en Russie et en Afghanistan. Les joueurs gagnent de l'argent en les faisant évoluer d'une mission à l'autre. Argent qui sert inévitablement à acheter de nouvelles armes et armures toujours plus sophistiquées.

«Nous proposons une expérience de divertissement. Nous ne faisons pas de politique et surtout pas la morale sur ce qui est bon ou mauvais. Mais le fait que le gouvernement ait donné des milliards à des entreprises qui ont tout avantage à ce que la pagaille perdure nous a intrigués, et nous nous sommes dit que ce serait aussi intriguant pour les joueurs», affirme Alain Tascan.

Le chef du studio montréalais n'écarte pas la possibilité d'étendre la franchise Army of Two à d'autres concepts de jeux, comme les jeux de stratégie en ligne, par exemple.

«Nous verrons comment le public réagit, mais Army of Two est une propriété intellectuelle qui offre bien des possibilités, c'est sûr.»