Les machinimas, films d'animation tirés de jeux vidéos, se multiplient sur internet, illustrant le potentiel créatif des amateurs de jeux vidéo et le rapprochement entre ce monde et celui du cinéma.

Les machinimas, films d'animation tirés de jeux vidéos, se multiplient sur internet, illustrant le potentiel créatif des amateurs de jeux vidéo et le rapprochement entre ce monde et celui du cinéma.

Encore peu connu du grand public, ce phénomène se structure petit à petit et gagne chaque jour en visibilité sur des sites de vidéos en ligne comme Dailymotion ou Youtube.

«Le nom machinima vient de machine et de cinéma. Il représente une oeuvre et une technique, un film fabriqué à partir d'un jeu vidéo. Les joueurs deviennent acteurs, l'un d'eux devient cadreur», explique Xavier Lardy, fondateur en France du site spécialisé Machinima.fr.

Le principe consiste à capturer, à l'aide d'un logiciel spécialisé, les images et le son d'un jeu vidéo, et à les détourner pour leur donner une nouvelle vie dans une fiction, en y ajoutant des dialogues.

Cette nouvelle forme d'expression a vu le jour au milieu des années 1990 : «Historiquement, la première comédie a été réalisée en 1996, avec le jeu de tir Quake, du studio ID software. A partir de là, on parlera de "Quake movies", pour désigner ces films à caractère parodique», explique Xavier Lardy.

Les machinimas sont réalisées en majorité avec les éléments initiaux d'un seul jeu. Mais il n'est pas rare de trouver sur la toile des films mettant en scène de savoureux affrontements entre icones concurrentes du monde du jeu vidéo, comme la chasseuse de primes Samus Aran, de la série Métroid de Nintendo, aux prises avec Master chief, emblème de la firme Microsoft et de son jeu Halo.

Si le jeu Sims est le plus fréquemment utilisé pour créer de petites saynètes, la série la plus populaire auprès des internautes, «Red Vs Blue», est née de l'univers du jeu d'action Halo.

Débutée en 2003, cette véritable saga compte 100 épisodes répartis sur cinq saisons et vient à peine de s'achever. Le studio américain de machinima Roosterteeth, créateur de la série, rassemble sur son site 655.000 membres, invités à subventionner ses films.

«En ce moment, on trouve énormément de machinéastes dans le jeu en ligne, sur des jeux comme World of Warcraft ou Second life», avec des films postés sur le site du développeur du jeu, explique Xavier Lardy.

Le logiciel le plus utilisé pour réaliser ces petits films est l'australien «Fraps». Mais c'est le logiciel de gestion de studio de cinéma virtuel «The movies» (Lionhead studios), qui a permis de créer une des plus célèbres success-story européennes de la machinima, le film «French democracy», une des toutes premières oeuvres à contenu politique, réalisée par le Français Alex Chan lors des émeutes qui ont secoué les banlieues françaises en 2005.

Si la majorité des «machinéastes» travaillent déjà dans la production audiovisuelle, la machinima permet également à des jeunes de devenir réalisateurs sans passer par la case études ou en contournant l'écueil du financement.

Les éditeurs de jeu, qui ajoutent parfois dans leurs produits quelques fonctionnalités susceptibles de faire naître des vocations de «machinéastes», pourraient y trouver leur compte. Si les retombées économiques ne sont pas directes, «ça anime la communauté, on s'attache au jeu», selon Xavier Lardy. Le studio Electronic Arts a ainsi lancé un concours pour demander aux fans de machinimas d'inventer la publicité de son nouveau jeu Sims 2.

M. Lardy établit une comparaison prometteuse pour l'avenir des machinimas : «la situation qu'on a aujourd'hui me fait penser à celle qui existait aux premiers temps du cinéma d'animation», estime-t-il.