Le rapprochement entre Vivendi Games et le groupe américain Activision, annoncé dimanche, va donner naissance au premier éditeur mondial de jeux vidéo devant Electronic Arts et relance les spéculations sur une consolidation du secteur, avec le français Ubisoft en ligne de mire.

Le rapprochement entre Vivendi Games et le groupe américain Activision, annoncé dimanche, va donner naissance au premier éditeur mondial de jeux vidéo devant Electronic Arts et relance les spéculations sur une consolidation du secteur, avec le français Ubisoft en ligne de mire.

Baptisée Activision Blizzard, la nouvelle entité pèsera 3,8 milliards de dollars de chiffre d'affaires. Elle chipe ainsi la première place à l'américain Electronic Arts (EA) au chiffre d'affaires d'environ 3,5 milliards de dollars.

Cette opération va permettre à Vivendi de combler son retard dans les jeux sur consoles où Activision, troisième éditeur mondial, possède une solide expertise avec des licences reconnues comme le jeu musical «Guitar Hero», le jeu de tir «Call of duty», «Tony Hawk» du nom du célèbre skater, ou encore une série de titres tirés de films à grand succès (»Spiderman, «James Bond», «Shrek», «X-Men», «Transformers»).

Le groupe de médias français se repositionne ainsi sur le segment porteur des consoles «qui draine plus de 50% du chiffre d'affaires de l'industrie», selon Laurent Michaud, analyste à l'Idate (Institut de l'audiovisuel et des télécoms en Europe).

Vivendi Games tire jusqu'à présent la majorité de ses revenus de son très populaire jeu de rôle «World of Warcraft», qui lui a permis d'opérer un redressement spectaculaire. Développé par le studio Blizzard, ce jeu en ligne a conquis 9,3 millions de joueurs depuis son lancement en 2004.

La création d'Activision Blizzard, «une opération sans équivalent dans l'industrie des jeux vidéo», peu habituée à des opérations de cette ampleur, «est un signe fort de consolidation», souligne M. Michaud.

Dans un marché très concurrentiel, la recherche d'une taille critique devient un enjeu crucial alors que les investissements ne cessent de croître, pour atteindre plusieurs dizaines de millions d'euros par jeu.

«Pour rentabiliser les investissements, il faut être implanté sur un maximum de continents, être présent toute l'année sur les rayons et sur toutes les plates-formes (PC, téléphone mobile, consoles portables, consoles de salon...)», poursuit M. Michaud.

Les spéculations sur un éventuel rachat d'Ubisoft par Electronic Arts, qui détient 15% du capital du français et 25% des droits de vote, sont ainsi relancées, même si le géant américain a récemment fait de grosses acquisitions.

En décembre 2004, Electronic Arts était entré par surprise au capital d'Ubisoft, provoquant de nombreuses interrogations sur une tentative de prise de contrôle, mais s'était ensuite heurté à l'hostilité de son président Yves Guillemot, désireux de garder son indépendance. Une stratégie gagnante jusqu'ici, puisqu'Ubisoft a affiché une croissance de 50% au premier semestre.

Les américains THQ et Take-Two Interactive, qui figurent dans le peloton de tête des éditeurs, apparaissent aussi comme des cibles possibles.

L'éditeur britannique SCI Entertainment, à l'origine de la célèbre série Lara Croft, qui cherche un repreneur, pourrait également faire l'objet d'une bataille. L'américain Time Warner, déjà actionnaire de SCI à hauteur de 10%, serait intéressé, signe de l'intérêt croissant des groupes de médias pour les acteurs du jeu vidéo.

«Les synergies entre les jeux vidéo et les autres médias (cinéma, internet, films d'animation...) vont aller en grandissant», prédit M. Michaud.

En pleine expansion, le marché des jeux vidéo, «qui génère des revenus colossaux à Noël», devrait représenter cette année 33,7 milliards d'euros de chiffres d'affaires selon l'Idate, devant le cinéma et la musique.

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