Un scénario digne d'un film catastrophe: plus d'électricité, téléphone coupé, internet inutilisable... D'anciens hauts fonctionnaires américains ont simulé mardi une «cyberattaque» massive sur les États-Unis, pour sensibiliser la population à cette nouvelle menace.

L'événement, baptisé «Cyber ShockWave» et organisé par le Bipartisan Policy Center (BPC), se tenait dans une suite d'un hôtel de Washington, qui avait pris pour la journée les couleurs de la Situation Room de la Maison-Blanche, la pièce ultra-sécurisée où le président américain se réunit avec ses services de sécurité en cas de crise.

Les anciens hauts fonctionnaires réunis pour l'occasion débattaient de la réponse à donner à une gigantesque cyber-attaque lancée contre les États-Unis: réseaux de téléphonie mobile et fixe au tapis et internet devenu si lent que toute l'économie se grippe et que les avions restent cloués au sol.

La cyberattaque, renforcée par quelques attentats stratégiques, avait aussi raison du réseau électrique et plongeait des dizaines de millions d'Américains dans l'obscurité. Ses auteurs étaient inconnus.

Sous l'oeil des «participants» - et de la presse, invitée à assister à la simulation - trois écrans géants diffusaient en temps réel des cartes des États-Unis répertoriant les lieux touchés par l'attaque, alors que la chaîne d'information «GNN» diffusait des reportages sur la catastrophe.

«On va maintenant avoir des avions cloués au sol et des trains immobilisés», avertissait Fran Townsend, un ancien conseiller du président George W. Bush, promu pour l'occasion secrétaire d'État à la Sécurité intérieure.

Les membres du cabinet s'interrogeaient sur les mesures à prendre et les conseils à donner au président, avec des suggestions allant de la mobilisation de l'armée de réserve à la nationalisation des compagnies électriques, en passant par des représailles contre les attaquants, une fois identifiés.

«Si c'est une attaque contre les États-Unis, le président, en tant que commandant en chef, peut utiliser les pleins pouvoirs à son gré», observait Jamie Gorelick, dans son rôle de ministre américain de la Justice.

«Nous pouvons agir de manière offensive, si nous savons où», relevait pour sa part Charles Wald, un général à la retraite propulsé secrétaire américain à la Défense.

Cette simulation a été élaborée par Michael Hayden, un ancien directeur de la CIA et membre du groupe sur la Sécurité nationale au sein du BPC.

Elle comptait également avec d'autres anciens fonctionnaires des cabinets de George W. Bush et Bill Clinton, comme Michael Chertoff, John Negroponte, John McLaughlin ou Joe Lockhart.

Le scénario a pour but d'«éduquer le public à notre vulnérabilité» face à une cyber-attaque, déclare Eileen McMenamin, directrice adjointe de la communicattion du BPC. «C'est un sujet qui devrait inquiéter tout possesseur d'un ordinateur portable et de téléphone mobile», dit-elle.

«Des choses comme ça arrivent tous les jours. Les gens doivent vraiment être au courant de ce qui se passe», ajoute-t-elle.

«Cyber ShockWave» a été enregistré par les caméras de CNN, où il sera diffusé prochainement.

Il y a trois ans, le BPC et Securing America's Future Energy (SAFE) avaient organisé une autre simulation, «Oil ShockWave», qui devait sensibiliser les Américains aux risques que constituait leur dépendance énergétique.

Le BPC, une organisation à but non lucratif, a été créé en 2007 par quatre anciens sénateurs, les démocrates George Mitchell et Tom Daschle, et les républicains Howard Baker et Bob Dole.