La plus célèbre blogueuse de Cuba, Yoani Sanchez, a affirmé samedi avoir été frappée et brièvement détenue la veille au soir à La Havane par des policiers en civil alors même qu'un haut responsable du Vatican soulignait l'«impact» de son blog lors d'une visite à Cuba.

«Ils m'ont frappée et m'ont forcée à entrer la tête première dans une voiture. Jamais ils ne m'ont donné d'explications, mais il était clair qu'il ne voulait pas que je participe à une marche» de jeunes contre la violence, écrit Mme Sanchez, 34 ans, sur son blogue «Generacion Y», critique du pouvoir cubain de Raul Castro et qui lui a valu plusieurs prix en Europe et aux États-Unis.

Il était impossible d'obtenir un commentaire des autorités cubaines qui considèrent les dissidents comme des «mercenaires» à la solde des États-Unis.

Selon Mme Sanchez - qui n'a pas été blessée -, les trois policiers vêtus en civil ont aussi brièvement détenu dans une rue du centre et frappé deux autres personnes, dont son compagnon Orlando Luis Pardo qui tient aussi un blogue.

L'organisation Human Rights Watch a dénoncé dans un communiqué le «recours à la force brute» en vue de «réduire au silence» Yoani Sanchez.

«La communauté internationale doit envoyer un message ferme à Raul Castro pour lui dire que ces attaques contre des voix indépendantes sont complètement inacceptables», selon l'ONG basée à New York.

Quelques dizaines de jeunes ont participé en silence à cette marche vendredi soir, qui a duré une quinzaine de minutes, pour dénoncer la violence dans le monde, ont affirmé des participants à l'AFP.

Le même jour, lors d'une conférence magistrale à La Havane, le responsable des Communications sociales du Vatican, l'archevêque Claudio Maria Celli, a souligné l'«impact» international qu'avait le blogue de Yoani Sanchez, récompensée en 2008 par le prestigieux prix espagnol Ortega y Gasset. Mme Sanchez n'avait pas été autorisée à quitter l'île communiste pour aller recevoir ce prix.

Le blogue de Mme Sanchez, qui raconte les problèmes et absurdités du quotidien cubain, reste cependant peu lu sur l'île où l'accès à internet est très limité et contrôlé.

Les blogueurs cubains vont le plus souvent dans des hôtels, qui disposent d'une salle internet payante, pour transmettre leur texte à des amis résidant à l'étranger qui eux les publient sur leur blogue.