Le sujet est à peu près absent de la télé, des livres et du cinéma. Pourtant, près de deux millions de Québécois rentrent à l'usine - ou plutôt à la shop - tous les matins.

Le sujet est à peu près absent de la télé, des livres et du cinéma. Pourtant, près de deux millions de Québécois rentrent à l'usine - ou plutôt à la shop - tous les matins.

C'est donc pour faire un clin d'oeil au folklore industriel québécois que la webtélé humoristique La shop, diffusée au www.lashop.tv depuis la semaine dernière, est née.

«J'ai travaillé dans une usine comme étudiant, mon père travaillait dans une usine et mon grand-père aussi. Aussitôt que tu punches, ça devient un univers fermé, une sorte de microsociété», soutient Michel Pelland, auteur et coproducteur avec Flavie Langlois de cette webtélé. Le jeune humoriste Louis Courchesne a aussi participé au scénario.

La shop se veut une caricature des jeux de pouvoir qui surviennent à tout coup entre les employés d'une usine. Les producteurs visent surtout le public des régions. C'est pourquoi ils ont évité de mépriser ceux qui s'identifieront aux personnages.

En tout, 12 comédiens ont accepté d'enfiler leurs bottes avec caps d'acier, leurs pantalons bleu marine et leur casque jaune, dont Ghislain Dufresne (Chick'n Swell) et Tammy Verge (Dieu merci!). Ce qui donne des personnages stéréotypés comme M. Overtime, qui travaille tout le temps, une lesbienne aux gros bras, un grand-père qui refuse de vieillir, un téteux de boss, etc.

Les deux épisodes de cinq minutes qui nous ont été présentés font penser à une transposition de Caméra café du bureau à l'usine, avec une touche un peu plus macho. Les comédiens sont talentueux, mais le rythme des sketchs demande à être resserré, pour que l'on puisse se faire surprendre et rire plus souvent. Et comme cette production est indépendante, elle est moins bien léchée que les webséries financées par de grands réseaux de télévision, comme Les chroniques d'une mère indigne de Radio-Canada, par exemple.

Quand même, on peut saluer le travail de cette petite équipe qui s'autofinance et travaille depuis deux ans à la réalisation de ce projet. Bien sûr, Michel Pelland aurait mieux aimé être diffusé à la télévision. «Mais on n'avait pas envie d'attendre 10 ans. Alors on s'est dit qu'on allait faire ça avec nos propres moyens, sur le Web», lance-t-il. Il n'est pas le seul à emprunter cette voie, quand on pense qu'on dénombre aujourd'hui une cinquantaine de webtélés québécoises.

Les épisodes de La shop seront mis en ligne toutes les deux semaines, suivant le principe du jour de paye.