Plus de deux millions d'ouvrages tombés dans le domaine public et numérisés par Google peuvent désormais être imprimés en quelques minutes sur une «Espresso Book Machine», une imprimante ultra rapide dont une douzaine d'exemplaires sont en service dans le monde.

Le géant américain de l'internet vient en effet de signer un accord avec la société On Demand Books, fabricant des «Espresso Book Machines», pour lui donner accès à tous les titres dont il dispose et qui sont libres de droit.

Comme son nom le sous-entend, avec la «Espresso Book Machine», distinguée parmi les meilleures inventions de l'année 2007 par le magazine Time, il suffit de prendre le temps qu'il faudrait pour faire un bon café pour imprimer un livre souple à couverture couleurs, petit ou grand format.

«En quelques minutes on obtient un livre identique à celui qu'on trouverait en librairie», explique Dane Neller, co-fondateur et directeur général. «Un livre de 300 pages prend entre 4 minutes et 4 minutes et demie» pour sortir de l'imprimante.

«Ce qui est génial c'est qu'on a accès à tout, des classiques aux auteurs les plus obscurs, en passant par tout ce qu'il y a au milieu».

«Shakespeare, Dickens, Twain, Rousseau, Hugo, Balzac... tout ce que vous voulez», ajoute-t-il. «Hier nous avons imprimé un livre sur les feuillages. Nous avions auparavant imprimé un livre sur la façon de faire des bonbons au début du XXe siècle».

«C'est comme un distributeur automatique de livres», explique le président de la société Jason Epstein, autre co-fondateur, qui se réjouit du seuil critique franchi avec l'accord Google pour développer l'entreprise.

«Grâce aux stocks de Google, la 'Espresso Book Machine' permettra aux lecteurs partout dans le monde d'accéder à des millions de titres numérisés, en plusieurs langues, y compris des ouvrages rares et épuisés».

Actuellement seule une douzaine de ces imprimantes, dont le coût unitaire est de 100.000 dollars, sont en service dans cinq pays.

On les trouve dans certaines librairies célèbres, dans des bibliothèques universitaires, notamment celle de McGill, au Canada, et prochainement Harvard, près de Boston (est des Etats-Unis), ou encore à la prestigieuse bibliothèque d'Alexandrie (Egypte).

Selon M. Neller, une quarantaine de machines pourraient être en service début 2010 et une version permettant l'impression tout en couleurs est prévue dans à peu près six mois.

Jusque-là, les livres Google tombés dans le domaine public pouvaient être lus gratuitement en ligne, imprimés comme des documents PDF ou transférés sur des outils de lecture électroniques comme l'e-Reader de Sony.

«Cela peut être agréable de lire des livres numérisés, mais nous nous rendons compte qu'il y a des moments où les lecteurs veulent tenir un livre dans la main», a déclaré un responsable produit chez Google, Brandon Badger.

On Demand Books ne s'occupe pas de fixer le prix de ces ouvrages imprimés à la demande, mais suggère un prix moyen de 8 dollars: la société estime à un cent par page le coût de revient (encre, papier, colle...). «Un dollar nous revient, un dollar revient à Google qui fournit le titre numérisé», explique M. Neller, en affirmant que Google a prévu de reverser ses recettes à un organisme caritatif.

Cet accord ne semble pas exposé à des obstacles juridiques: il concerne exclusivement les titres tombés dans le domaine public et non les livres soumis à droits d'auteur, pour lesquels Google a proposé une solution contestée en justice.