Facebook compte pas moins de 250 millions d'usagers. De ce nombre, la moitié consulte le site au moins une fois par jour. La journaliste Silvia Galipeau s'est prêtée à une petite expérience amusante, sans prétention scientifique, néanmoins révélatrice.

Cela a commencé par une boutade: «Un mois sans Facebook, le ferais-tu?» m'a lancé une collègue.

Et pourquoi pas! C'était au mois de juillet. Sans m'en rendre compte, je venais de m'embarquer malgré moi dans un reportage en apparence très léger, mais finalement plutôt riche en conclusions.

 

Un mois sans consulter un site web, ça n'est pas la fin du monde après tout, pense-t-on. Oui, mais non. Car Facebook n'est pas qu'un site web. Très vite, pour ceux qui accrochent (et j'en suis, sinon je ne serais pas là à écrire là-dessus), cela devient aussi (surtout) un outil de communication. Qui, parfois (souvent), tend carrément à surpasser le courriel. Un outil pour avoir des nouvelles de plein de monde, sans grand effort. C'est d'ailleurs quand on en est privé qu'il fait le plus cruellement défaut.

Du coup, pendant ce mois «sans», je me suis instantanément sentie isolée. Plus tout à fait dans le coup. Évidemment, le sevrage dure quelques jours, et puis on s'y fait. Sauf que...

Sauf que j'ai raté les premières photos du nouveau bébé d'une copine.

Sauf que j'ai failli rater l'invitation à l'anniversaire d'un copain. Pire: j'ai failli me pointer à ladite fête alors qu'elle est passée à un poil d'être annulée, le fêté ayant attrapé... l'herbe à puce! Pire encore: il a fait une réaction allergique à la pénicilline. Bref, il n'avait vraiment plus trop la tête à fêter (ni le look). Du coup, j'ai eu l'air de débarquer de la planète Mars quand, le soir de la fameuse fête (qui a eu lieu, in extremis), je lui ai lancé: «Dis donc, c'est pas la forme?» Disons poliment que j'ai raté une bonne occasion de me taire. «Pardonnez-lui: elle fait une expérience sociologique pour son journal...»

Il m'a aussi fallu expliquer souvent mon silence, notamment dans la belle-famille: non, non, je ne vous boude pas, c'est une expérience!

Et ainsi de suite. Tout cela, sans parler des photos prises en famille, que j'ai dû me retenir de publier, de tous les amis à qui je n'ai pas souhaité «bonne fête» parce que j'ai oublié, sans parler de l'aria qu'a été l'organisation d'une soirée, où il a fallu retrouver les adresses de courriel de tous les copains à inviter.

N'empêche. En toute honnêteté, ça n'a pas été l'enfer non plus. Et en revanche, faute de pouvoir passer (et perdre) du temps à l'ordinateur, je me suis remise à regarder la télé, plutôt délaissée depuis les deux dernières années. Et j'ai dévoré quelques saisons de Weeds, en rafale.

Étrangement, quand mon mois s'est terminé, j'ai eu peur de raccrocher. J'ai attendu une bonne semaine. Plus jamais? Promesse d'ivrogne! Car j'ai replongé, tête première. Depuis, c'est clair, je ne pourrais plus m'en passer. Pourquoi se priver?