Il n'y a décidément plus de limite aux ambitions de Google. Le géant de la recherche a annoncé hier son intention de créer son propre système d'exploitation pour mini-ordinateurs portables, déclenchant ainsi une guerre quasi philosophique contre Microsoft et son omniprésent Windows.

L'affrontement entre les deux géants, prévu de longue date pour quiconque s'intéresse aux rumeurs qui circulent depuis des mois sur la Toile, opposera deux conceptions radicalement différentes de ce que doit être l'informatique à l'ère de l'internet.

Le nouveau système d'exploitation de Google, contrairement à Windows et à Mac OS-X d'Apple, fonctionnera entièrement dans le navigateur internet de l'ordinateur. En d'autres mots, fini les logiciels à installer: sous Google Chrome OS (c'est le nom provisoire que Google a donné à son projet), les logiciels seront chargés comme des pages web. Un noyau Linux, développé à l'aide de la communauté open source, fera le pont entre ces logiciels basés sur le web et la quincaillerie qui compose l'ordinateur.

«L'interface utilisateur sera minimale, pour ne pas surcharger votre environnement et laisser le champ libre à ce qui compte le plus aujourd'hui: l'expérience internet», écrivait hier la société sur son blogue.

Google, qui offre déjà, avec Gmail et Google Docs, une vaste suite de logiciels gratuits fonctionnant entièrement dans le navigateur, vise dans un premier temps le marché des netbooks avec son nouveau système d'exploitation. L'entreprise entend installer gratuitement Google Chrome OS sur plusieurs de ces ordinateurs ultraportables dès le deuxième semestre de 2010. Ce marché, en forte croissance, est pour l'instant dominé par Microsoft, qui a réussi à imposer son vieux système d'exploitation Windows XP sur ces appareils qui coûtent entre 300$ et 600$, mais pour lesquels les acheteurs paient autour de 45$ pour acquérir la licence d'utilisation.

Selon le New York Times, Google viserait à rendre son système d'exploitation nouveau genre suffisamment puissant pour rouler sur le reste de la gamme des PC.

Une première salve

«C'est une première salve publique qu'envoie Google à Microsoft, dans une guerre qui se joue en coulisse depuis environ deux ans», note Michel Dagenais, directeur de département de génie informatique de l'École polytechnique de Montréal. Selon lui, l'idée poussée par Google qu'un système d'exploitation puisse entièrement «vivre» dans un fureteur pourrait bien plaire à une majorité d'utilisateurs. «Ce que veulent la plupart des gens, c'est un système qui démarre en 5 ou 10 secondes, qui joue de la musique, qui gère des photos et qui va sur le web. C'est ce que propose Google, et ça répond aux besoins de 70% des utilisateurs», dit-il.

Colin Surprenant, architecte principal chez le développeur montréalais Praized qui a lui-même développé quantité de produits selon cette philosophie des logiciels «vivant dans le fureteur», croit que le système de Google rendra peu à peu Windows obsolète. «Il y a d'immenses avantages à un tel système d'exploitation. Pour les utilisateurs, ils ne nécessitent aucune installation et aucune maintenance. Pour les développeurs, le modèle facilite grandement le travail: c'est beaucoup plus facile et rapide de développer pour le web que dans le modèle classique, où il faut composer avec des librairies complexes, des pilotes et une foule d'éléments lourds à gérer».

«Selon moi, Google Chrome OS a même le potentiel de déloger Windows, mais il faudra compter quelques années», croit M. Surprenant. Tout un défi, quand on sait que Microsoft détient à lui seul 90% du marché des systèmes d'exploitation.

Hier, à la Bourse électronique NASDAQ, le titre de Google a gagné 5,86$US, à 402,49$US, tandis que Microsoft a perdu 3 centsUS, à 22,56$US.

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