Le petit Bastian James est né le 11 novembre 2007 à 4h29 à Atlanta. Un beau gros bébé de 10 livres et de 23 pouces. Tout serait normal... si ce n'était que trois millions de personnes ont vu sa maman accoucher de lui sur YouTube.

La mère en question, c'est Sarah Griffith, qui a placé sur le populaire site de partage de vidéos une heure de montage d'un tournage de son accouchement qui s'est déroulé à la maison. Neuf petits films par lesquels elle veut partager son bonheur avec la planète. En plus d'inciter les femmes à accoucher le plus naturellement possible.

«La naissance est quelque chose de merveilleux, et je ne suis pas une personne très secrète», déclarait récemment la femme de 32 ans au New York Times.

Pas très secrète? Et comment! «Jamais je n'aurais même imaginé aller regarder quelqu'un accoucher sur Internet!» lance Michelle, qui a donné naissance au petit Hubert il y a six mois. «C'est peut-être moi qui suis trop prude, mais je trouve qu'il faut être culottée pour mettre son accouchement sur YouTube», poursuit la jeune femme de Québec.

Même s'il est encore marginal, le phénomène est bien réel. Et à l'heure où tout se diffuse sur YouTube, d'autres femmes pourraient désirer partager ce précieux moment en quelques clics.

Au Centre mère-enfant du CHUQ, on estime qu'environ un accouchement sur 10 est filmé à des fins de souvenirs privés. «Après, si les gens décident de le diffuser, c'est leur choix», indique la porte-parole du CHUQ Pascale Saint-Pierre.

Selon la demi-douzaine d'experts consultés, il y aurait toutefois très peu sinon aucune naissance québécoise en ligne. Plusieurs ignoraient l'existence même du phénomène, mais ne se disent pas surpris pour autant.

«Il y a des gens qui filment, mais ce n'est pas nécessairement pour mettre sur des blogues ou sur Facebook», explique la présidente de l'Ordre des sages-femmes du Québec, Dominique Porret. «Mais ces moyens de communication sont nouveaux et on ne sait pas ce que ce sera dans quelques années.»

Elle perçoit un côté revendicateur chez ces femmes qui, comme Mme Griffith, décident d'accoucher sans aide médicale, à la maison. Un geste risqué, souligne-t-elle, que des femmes pourraient avoir envie de montrer à tous, histoire de marquer leur différence. «Les femmes qui choisissent d'accoucher en maison de naissance avec une sage-femme veulent vivre l'expérience pour elle. Ce n'est pas le genre de public qui veut étaler ça. Par contre, il y a des gens plus revendicateurs, qui font ça comme un acte de prise de position. Là, c'est différent.»