«Je viens de faire un barbecue avec mes garçons et le reste de ma famille. Je suis installée près de la piscine. Il fait chaud! Cent degrés (Farenheit) à Los Angeles!»

Le message de Britney Spears n'est pas transcendant. En fait, ce pourrait être celui de votre voisine. Or il a quelque chose de magique : ils sont en effet plus de 1,10 million à être abonnés aux envois de la chanteuse sur Twitter (twitter.com/britneyspears). Ce micro-blogue, qui permet d'envoyer un court message de moins de 140 caractères dans la communauté virtuelle à partir d'un ordinateur ou d'un téléphone cellulaire, est en train de transformer le lien entre les stars et les fans. Du moins le croit-on. Soudainement, la distance entre les personnalités et ceux qui les admirent semble s'effacer. Imaginez, avec ses envois quotidiens, Ashton Kutcher rejoint plus de 1,36 million d'adeptes; c'est plus que CNN avec son flot continu de nouvelles (1,11 million). Tout ça pour apprendre quoi? Ben, pas grand-chose, à vrai dire, sinon que les artistes peuvent être aussi banals que vous et qu'ils ont régulièrement un album, un show, un film ou une apparition à ploguer.

 

Chez les stars, cet outil de socialisation prend l'allure d'un formidable réseau de contacts - parlez-en au président Obama, qui s'en est servi durant ses récentes campagnes et s'en sert toujours. Si les artistes n'y ont pas songé, leurs gérants, eux, se sont chargés de les éveiller. Du coup, ce ne sont pas toujours les vedettes qui twittent. Le rappeur 50 Cent a engagé des gens pour le faire à sa place. Britney Spears avait également passé une petite annonce visant à embaucher du personnel pour gérer sa page Facebook et ses envois dans Twitter - elle joue désormais la carte de la transparence en signant ses propres messages et en laissant les membres de son équipe en faire autant.

Qu'on ne se leurre pas : dans ces messages banals, les vedettes sont encore en représentation. L'image, qu'importe si elle est virtuelle, joue un rôle de la même façon qu'à la télé ou à la radio : ces gens doivent trouver le moyen d'être intéressants. Dans ce contexte, la proximité avec l'artiste demeure un demi-mirage. Ça, c'est sans compter que derrière l'écran du Web, il est facile de jouer aux imposteurs : plusieurs se font berner par de fausses pages prétendument alimentées par d'illustres individus...

Le grand paradoxe de l'avènement de Twitter dans le milieu artistique réside dans l'instantanéité qu'il implique. Ces créateurs auxquels on s'intéresse pour leur travail à moyen terme, soit leur façon d'immortaliser quelque chose dans les mots durables d'une chanson ou dans les images remarquables d'un film, nous distraient désormais avec leurs gags vaseux, leurs querelles avec d'autres twitteux ou encore avec leurs envois sur la météo. Du coup, il semble que leur tâche ait changé : ils ne doivent plus seulement vous rejoindre avec leur art longuement mûri, mais avec leur personnalité de tous les jours. Ils doivent devenir, en langage Facebook, votre ami.

La vague, qui commence à peine à gagner le Québec (Mitsou, qui semble en tête, a environ 2000 «suiveux») permettra-t-elle une petite révolution dans le rapport avec les stars? Quand on voit combien Facebook et Myspace ont été récupérés à des fins purement commerciales par le management, rien n'est moins sûr. Surtout que Twitter existe, faut-il le rappeler, dans le quotidien : la machine n'a d'intérêt que lorsqu'elle est continuellement alimentée. Est-ce que les stars se lasseront de ce nouveau gadget? Ça reste à voir. En attendant, on sait que David Lynch est à Paris, que John Mayer rêve d'une paire de Crocs révolutionnaire et que le comédien britannique Stephen Fry est coincé dans un embouteillage. On n'arrête pas le progrès - mais un peu la création digne de ce nom, quand même...

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