Trois responsables chevronnés des médias américains ont annoncé lancer une entreprise, «Journalism Online», qui vise à aider les journaux, aujourd'hui en crise, à gagner de l'argent sur internet en offrant un service payant aux lecteurs.

Journalism Online a pour but de «permettre rapidement aux journaux, magazines et publications sur internet d'engranger des recettes avec la distribution numérique de leurs articles», ont expliqué les fondateurs dans un communiqué.Il s'agit de Steven Brill, fondateur de la chaîne de télévision spécialisée dans les procès Court TV, Gordon Crovitz, un ancien directeur de la publication du Wall Street Journal, et Leo Hindery, ancien dirigeant de l'activité internet en haut débit chez AT&T.

Leur objectif? Enrayer la crise de la presse américaine, provoquée par l'effondrement des recettes publicitaires et l'érosion du lectorat, qui fuit sur internet.

Ces derniers mois, deux quotidiens ont cessé de paraître et plusieurs groupes de presse se sont mis sous la protection de la loi sur les faillites, y compris le numéro deux Tribune, propriétaire de journaux prestigieux comme le Chicago Tribune et le Los Angeles Times.

Selon M. Brill, de grands journaux et magazines contactés ont exprimé un «grand intérêt» pour cette initiative.

«Nous pensons que nous sommes à un stade où il y a un besoin urgent d'un modèle d'affaires qui permette au journalisme de qualité de bénéficier des avantages de la distribution sur internet, plutôt que d'en être la victime», a-t-il ajouté.

«Nous avons développé une stratégie et des services qui mettront sur pied ce modèle en restaurant un système de recettes venant compléter celles de la publicité», a-t-il ajouté.

Il s'est dit convaincu que «les lecteurs continueront à soutenir les journalistes en payant un prix modeste, mais juste, pour du travail original, indépendant et professionnel distribué en ligne».

Parmi les grands quotidiens américains, seul le Wall Street Journal a actuellement un site internet payant. Plusieurs autres, y compris le New York Times, ont indiqué qu'ils envisageaient de faire payer la consultation de leurs articles sur internet.

Beaucoup d'analystes sont sceptiques mais les fondateurs de Journalism Online affirment avoir trouvé une formule: un site internet avec un mot de passe, «où les lecteurs pourront s'abonner à la journée, au mois ou à l'année, ou acheter des articles à la pièce chez plusieurs éditeurs».

«Le système de paiement sécurisé par mot de passe sera intégré aux sites internet de tous les éditeurs participant, et ces derniers seront seuls habilités à décider quoi faire payer, combien et comment».

Ils feront ainsi «payer la somme qui leur semble raisonnable, d'une façon pratique pour les lecteurs», a expliqué M. Hindi, ne posant qu'une seule condition pour participer à ce site: «que les éditeurs fassent payer une partie au moins de ce qu'ils publient».

Journalism Online négocierait également des accords de licence avec des intermédiaires comme des moteurs de recherche.

Cette initiative intervient alors que Google News a été critiqué récemment par des médias lui reprochant de publier des liens vers leurs articles sans partager les revenus publicitaires associés.

«Journalism Online permettra aux éditeurs de négocier en position de force», a dit M. Brill. «Les consommateurs seront gagnants parce qu'ils auront plus de choix, et les moteurs de recherche et autres intermédiaires seront gagnants parce qu'ils auront accès à plus de contenu journalistique», a-t-il conclu.