Les Canadiens seraient des internautes aussi inquiets... qu'insouciants. Une enquête menée pour le compte de Sécurité publique Canada révèle qu'une vaste proportion de Canadiens ne prennent pas les mesures nécessaires pour protéger la mine de renseignements personnels qu'ils enregistrent sur leur ordinateur. Même si l'idée qu'ils soient piratés les préoccupe au plus haut point.

Ce comportement contradictoire ressort clairement d'une vaste enquête menée en 2007 auprès de 1511 Canadiens de plus de 18 ans par la firme Decima Research. Elle visait à étudier les habitudes cybernétiques des Canadiens et à mesurer leur connaissances en matière de cybersécurité.

 

Le document, que La Presse a obtenu, révèle que trois Canadiens sur quatre sont très préoccupés par le vol de leurs renseignements personnels et qu'à peine 40% estiment être l'abri de cette menace. Mais, paradoxalement, une majorité de répondants (60%) ne prennent même pas les précautions les plus élémentaires (logiciel antivirus, anti-logiciel espion et pare-feu) afin de protéger leur ordinateur et leur identité lorsqu'ils naviguent sur la Toile. Pis encore, deux Canadiens sur 10 avouent qu'ils ne se sont dotés d'aucun filet de sécurité, quel qu'il soit. Et ce, même s'ils sont nombreux (60%) à faire des opérations qu'ils considèrent risquées, comme des achats en ligne.

Des répercussions importantes

Benoît Gagnon, chercheur associé à la Chaire du Canada en sécurité, identité et technologie, déplore cette négligence, qui ne le surprend pourtant pas. «Elle a des répercussions importantes», prévient-il.

D'abord sur le plan personnel, en raison des risques élevés de vol d'identité ou de voir ses données personnelles détruites par un virus. «Les gens ne se rendent pas compte du temps et de l'argent qu'ils devront dépenser pour récupérer leurs données. C'est devenu un problème si préoccupant que même des compagnies d'assurances offrent des dédommagements maintenant!» lance-t-il.

Puis il soulève les impacts à plus grande échelle. Ce lot d'ordinateurs mal protégés constitue une petite mine d'or pour les cybercriminels, qui peuvent s'en servir pour l'envoi massif de polluriels. «Cela entraîne des coûts importants pour les fournisseurs d'internet, qui finissent par refiler la facture aux utilisateurs», explique Benoît Gagnon. Un peu plus du quart de la bande passante mondiale serait monopolisée par des polluriels.

En 2007, un Canadien sur 10 affirmait avoir été victime de vol d'identité, ce qui pourrait représenter près de 2 millions de personnes au pays.

Avec la collaboration de William Leclerc