Un individu de 74 ans de Sherbrooke, qui se faisait passer pour une femme de 22 ans, a été accusé jeudi d'avoir incité un adolescent de la France à poser des gestes à caractère sexuel sur internet.

Émile Lavallière, un individu sans antécédent judiciaire, a comparu devant le juge Michel Beauchemin de la Cour du Québec pour répondre à des chefs d'accusations de leurre, de possession de pornographie juvénile et de production de pornographie juvénile.

C'est une dénonciation de la mère de l'adolescent de 14 ans sur le site www.internet-mineurs.gouv.fr qui a mis les autorités françaises sur la piste du présumé cybercriminel sherbrookois.

En exhibant des photos d'une femme de 22 ans légèrement vêtue d'abord puis complètement nue, Lavallière aurait incité le jeune Français à se dévêtir devant sa webcam.

Les photos utilisées sont en fait celles d'une actrice américaine de films porno.

«Le chef d'accusation de leurre est de se faire passer pour quelqu'un d'autre en vue de perpétrer une infraction criminelle, en l'occurrence ici des gestes à caractère sexuels», explique le procureur aux poursuites criminelles au dossier, Me André Campagna.

La police nationale française a commencé l'enquête dans cette affaire en juin 2008 et refilé les informations à Interpol. Lorsque l'internaute suspect a été retracé au Québec, le Centre national canadien contre l'exploitation d'enfants (CNCEE) de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) a été saisi de l'affaire. La division de la cybercriminalité de la Sûreté du Québec a commencé son travail dans le dossier en janvier 2009.

Un piège tendu

«La collaboration de tous les intervenants a permis de procéder à l'arrestation de ce suspect», indique le porte-parole de la SQ en Estrie, Louis-Philippe Ruel.

Les infractions reprochées à Émile Lavallière sont survenues le 5 mars 2008 avec le jeune Français, puis le 26 janvier 2009, alors que les policiers de la SQ débutaient leur enquête dans cette affaire. Les enquêteurs lui ont tendu un piège, puis il est tombé dedans, perpétrant à nouveau deux des infractions reprochées.

«C'est à la suite d'une courte enquête que nous avons identifié ce suspect», mentionne l'agent Ruel.

L'individu de 74 ans a été arrêté hier matin par les enquêteurs de la SQ. Son ordinateur a alors été saisi par les policiers.

Lavallière a livré une déclaration vidéo avant de comparaître au palais de justice de Sherbrooke.

L'accusé a été remis en liberté en promettant de respecter de sévères conditions. Il ne doit plus posséder de matériel informatique lui donnant accès à internet, ne plus avoir accès à du matériel informatique par lequel il pourrait accéder à internet, ne pas entrer en contact avec des personnes de moins de 16 ans et ne pas fréquenter des parcs où pourraient se trouver des personnes de moins de 16 ans.

Le client de Me Jean Couture reviendra devant le tribunal le 30 avril prochain.