Les artisans de la télévision et du cinéma ainsi que des militants du milieu culturel ont exhorté hier les autorités canadiennes à créer rapidement un fonds pour la production de contenu canadien sur Internet et les autres nouveaux médias semblable à celui qui existe déjà pour la télévision.

L'argent proviendrait des fournisseurs de service Internet et de téléphonie sans fil comme Vidéotron, Bell et Rogers, qui pourraient y verser jusqu'à 3 % de leurs revenus annuels. Cette contribution ne devrait pas se faire au détriment de leur contribution au Fonds canadien de télévision.

Pour l'ACTRA (Alliance of Canadian Cinema, Television and Radio Artists), qui représente 21 000 professionnels du milieu de l'audiovisuel, il serait tout à fait normal que les fournisseurs de services financent les émissions et les autres capsules destinées à Internet et aux portables puisqu'elles tirent des profits importants de leur diffusion.

Cet avis est partagé par le président de la Conférence canadienne pour les arts, Alain Pineau, par la Guilde canadienne des médias ainsi que par l'Association des producteurs de films et de télévision du Québec (APFTQ), qui ont tous témoigné mardi devant le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes, à Gatineau.

Le Conseil tient jusqu'à la mi-mars une audience sur les nouveaux médias, qui a déjà fait couler beaucoup d'encre. Jusqu'à maintenant, tous les intervenants ont plaidé en faveur d'un meilleur encadrement de ces plateformes qui bénéficient depuis 1997 d'une liberté totale.

À l'époque le CRTC avait en effet jugé que l'imposition de balises à ce secteur ne contribuerait pas à son essor et qu'il était nécessaire de laisser la technologie se développer avant d'intervenir.

Si l'on se fie aux témoignages entendus hier, plusieurs considèrent que le temps d'agir est maintenant venu.

D'après M. Pineau, il est temps de sonner la fin de la récréation dans le cyberespace. À son avis, Ottawa a désormais le «devoir» d'intervenir pour que la voix du Canada se fasse entendre sur le web puisque le marché laissé à lui-même «n'a pas le bien public comme objectif».

Pour l'instant, il ne semble toutefois pas y avoir de consensus sur la manière de procéder.