Faire son marché sur Internet, l'idée n'est pas nouvelle. Mais commander sur la toile des denrées produites par des producteurs de la région, ça, c'est le dernier cri de l'alimentation responsable.

Et l'idée est tellement séduisante qu'elle fait des petits partout au Québec. Les écomarchés virtuels viennent s'ajouter aux paniers de produits bio et aux traditionnels marchés et kiosques de fruits et légumes en saison. Le but est de bien se nourrir, bien sûr, mais aussi de supporter des producteurs de la Mauricie qui en ont bien besoin en ces temps de mondialisation de marché.C'est que la formule de l'achat équitable ne s'applique pas seulement à de lointains producteurs sud-américains de café ou de cacao mais aussi aux producteurs et éleveurs d'ici qui peinent souvent à survivre. Quand les cornichons arrivent de l'Inde et non plus de Sainte-Marthe, il est temps de se poser de sérieuses questions.

La nouvelle Coopérative de solidarité Écomarché CA, de Sainte-Geneviève-de-Batiscan, est née du Groupe d'achats des Chenaux, avec une aide du Pacte rural de 11 802 $.

Inspirée de la philosophie d'Équiterre, elle semble vouée au succès, puisqu'elle envisage un point de chute à Trois-Rivières, dès le printemps ou au plus tard à l'automne 2009.

Brigitte Lepage, présidente du conseil d'administration de la coopérative, et les coordonnatrices Nadine Boisvert, (pour Trois-Rivières) et Julie Veilleux, (des Chenaux) recevaient Le Nouvelliste à la Minoterie des brumes, à Sainte-Geneviève-de-Batiscan, un jour de distribution de produits locaux.

Succès auprès des travailleurs

«Au départ, on voulait mettre en contact les producteurs locaux et les gens qui avaient peu de sous, raconte Mme Lepage, mais on s'est rendu compte que dans la production locale, il n'y a pas que les produits de base, mais aussi beaucoup de spécialités. Alors ça a connu beaucoup de succès auprès des travailleurs. C'est vraiment une préoccupation des Québécois aujourd'hui de savoir ce qu'ils mangent. La demande a grossi rapidement. »

Tellement rapidement que le principal défi de la coopérative est maintenant de travailler avec un logiciel plus performant, capable de recevoir les 75 commandes actuelles et toutes les autres qui ne manqueront pas de s'ajouter.

Pour que le système fonctionne efficacement, il faut être capable de prendre les commandes des clients, les acheminer aux producteurs et ensuite offrir les produits à temps aux points de chute.

Et quels produits! Fruits et légumes bien sûr, mais aussi de la viande de veau, bison, wapiti, poulet, canard, lapin, porc, des farines variées du pain, des pâtes, des jus, des fromages et plusieurs produits transformés (entre autres de l'érable) des 16 producteurs participants.

Pour devenir membre, il suffit de souscrire une part sociale de 50 $, une fois à vie, plus des frais d'utilisation de 20 $ annuellement (il y a un congé pour 2009), de compléter par Internet un bon de commande avant la date de tombée et d'aller chercher et payer sa commande à la Minoterie des brumes et bientôt à Trois-Rivières, les jours de distribution. Chaque consommateur se voit attribuer un numéro et il trouve sur place, soit sur les tablettes ou en congélateur, ses paquets numérotés.

«Notre défi, c'est la publicité, afin de générer du volume pour les producteurs. Il suffit de bien travailler. L'écomarché de Sherbrooke y est arrivé», souligne Mme Lepage avec confiance.