En lançant la plate-forme Azure, Microsoft rejoint notamment Amazon et Google dans le marché émergent des serveurs informatiques sur mesure et des logiciels services. À l'heure où une majorité d'entreprises prévoient une baisse de leurs dépenses en technologies de l'information (TI), l'ère de l'informatique «dans le nuage» semble néanmoins promise à un bel avenir.

Avec son service EC2 (pour Elastic Compute Cloud), Amazon fait office de pionnière dans ce créneau, qui est appelé à exploser au cours des prochaines années, selon IDC. L'«informatique dans le nuage» représente actuellement 4% des dépenses des entreprises nord-américaines en TI. Cette proportion devrait passer à 9% d'ici 2012, et sa valeur tripler, de 16 à 42 milliards de dollars. Une croissance quatre fois plus rapide que pour le reste des TI (27% vs 7%).

 

Manifestement, c'est une formule qui semble plaire aux grandes entreprises. Un chercheur du cabinet Gartner révélait dans un sondage effectué il y a deux semaines, donc après la crise financière, que 20% d'entre elles utilisent déjà ces services, les deux tiers (65%) prévoyant y avoir recours d'ici 2012.

Sur mesure

L'informatique dans le nuage comprend les logiciels services grand public, comme la fameuse suite bureautique en ligne Google Docs, qui sont, en quelque sorte, la pointe de l'iceberg. Des serveurs sur mesure pour entreprises, comme EC2 et Azure, en constituent la grande portion immergée et s'adressent surtout aux entreprises. Celles qui cherchent une solution de rechange abordable à des serveurs dédiés coûteux à acquérir et à entretenir, précise Mark Relph, vice-président aux nouvelles plate-formes pour Microsoft Canada.

Le service EC2 d'Amazon a recours à des «machines virtuelles», sorte de copie logicielle d'un serveur physique, pour maximiser sa propre puissance d'opération et sa bande passante. Azure, qui est en rodage en attendant son lancement officiel tôt en 2009, a recours à de véritables serveurs, mais le principe est le même: les entreprises gèrent à distance, via une page Web, la taille et le nombre de serveurs dont ils ont besoin et sont facturés en conséquence.

«Si j'étais une entreprise qui comptait lancer le prochain Facebook, en 2009, je n'aurais peut-être pas les moyens d'acquérir les serveurs et la bande passante nécessaires», illustre M. Relph. «Azure s'adapte en cours de route. Il s'adresse aux développeurs qui se demandent s'ils pourront continuellement ajouter la puissance nécessaire pour faire fonctionner leurs logiciels.»

Montréal dans les nuages

Au Québec, plusieurs petites sociétés Web sont déjà «dans le nuage», comme le dit Sylvain Carle, cofondateur de la startup montréalaise Praized Media. Selon lui, les petites entreprises dont les affaires sont concentrées sur l'internet y trouvent leur compte, puisque c'est une solution qui, à défaut d'être parfaitement sûre, est abordable et facile à mettre en place.

«Ça peut prendre cinq à 10 jours pour installer un serveur traditionnel, avec le matériel et tout, comparativement à cinq à 10 minutes pour un serveur virtuel comme ceux d'EC2. Sur EC2, on peut se payer sept serveurs pour le prix de deux serveurs traditionnels», dit-il. «Si nous avions besoin de serveurs hautement sécurisés pour faire des services bancaires, ce serait autre chose, mais pour nous, c'est sûr que c'est avantageux: on peut augmenter ou réduire notre capacité (sans pénalité).»

M. Carle constate qu'il n'est pas le seul que ces services attirent. Il compte d'ailleurs organiser une conférence sur le sujet, à Montréal, fin février. L'événement, baptisé CloudCamp, réunirait des utilisateurs actuels de ces services internet et des entrepreneurs qui aimeraient en savoir plus. «Ça commence à être de plus en plus commun pour les startups d'être dans le nuage. En fait, il n'y a pas de raison de ne pas y être», conclut-il.