Le géant de l'internet Yahoo!, en pleine période de flou quant à son avenir, a décidé de tourner une page de son histoire avec le départ de son charismatique PDG, Jerry Yang, cofondateur du groupe, un an seulement après l'avoir rappelé à la rescousse.

Jerry Yang, 40 ans, quittera son poste dès que le conseil d'adminstation du groupe de Sunnyvale, en Californie, lui aura trouvé un successeur.

Ce petit génie des nouvelles technologies avait cofondé Yahoo! à l'âge de 26 ans avec David Filo en 1995, un an après avoir démarré un simple annuaire du web. Le groupe est devenu l'un des géants de l'internet, avec l'un des moteurs de recherche les plus populaires de la toile, tandis que Jerry Yang devenait milliardaire.

M. Yang continuera de siéger au conseil d'administration où il réfléchira à la «stratégie globale» du groupe.

En attendant, le président du conseil d'administation Roy Bostock va examiner les candidatures internes et externes, pour trouver un successeur à celui que le groupe avait porté à sa tête à la surprise générale, en juin 2007.

Son départ constitue également une surprise: il avait été reconduit à ses fonctions par les actionnaires de Yahoo! en août dernier, à une très large majorité.

M. Yang avait mené Yahoo! à un «repositionnement stratégique et la transformation de sa plateforme», a souligné le groupe dans un communiqué.

«C'est le bon moment pour réaliser la transition», a expliqué M. Bostock, cité dans le communiqué.

«Quand le conseil d'administration m'a demandé de devenir PDG et de conduire la transformation du groupe, je l'ai fait parce qu'il était important d'adapter son activité à une nouvelle époque pour engranger plus de croissance», a dit pour sa part M. Yang.

«Ayant engagé Yahoo! sur un nouveau chemin, il est temps pour moi de transmettre mon rôle de PDG», a-t-il ajouté.

A son arrivée à la tête du groupe en 2007, son cofondateur devait relancer une entreprise qui voyait ses bénéfices fondre à toute vitesse tandis que son rival Google, en plein croissance grignotait les parts de marché.

Mais Yahoo! n'a pas réussi à redémarrer et la crise économique l'a encore fragilisé, en attaquant son fond de commerce: fréquentation des pages payantes et des dépenses publicitaires.

Fin octobre, il a revu à la baisse son estimation de chiffre d'affaires, qu'il prévoit désormais dans une fourchette de 7,17-7,37 milliards de dollars, et a annoncé qu'il allait réduire d'au moins 10% ses effectifs au quatrième trimestre, soit plus de 1.300 postes.

Le départ de Jerry Yang intervient aussi en pleine période d'incertitudes sur l'avenir du groupe, cible de la contestation de certains actionnaires.

Yahoo! avait en effet rejeté les avances du géant des logiciels Microsoft, qui cherchait depuis février à conclure un rachat intégral ou partiel et était prêt à débourser 47 milliards de dollars.

Favorable à Microsoft, l'influent actionnaire Carl Icahn avait menacé de proposer une motion demandant le renouvellement complet de l'équipe de direction, avant de renoncer fin juillet en échange de trois sièges au conseil d'administration.

Yahoo! a également subi un important revers dans sa stratégie au début d'alliances. Alors qu'il cherchait à nouer un partenariat publicitaire avec son concurrent Google, ce dernier avait jeté l'éponge début novembre, plutôt que de poursuivre des efforts potentiellement coûteux pour convaincre les autorités de la concurrence et les annonceurs.

Depuis, le patron de Yahoo! avait entretenu le flou sur ses intentions. Il avait finalement estimé qu'il serait dans l'intérêt de Microsoft de le racheter, une option rejeté par le PDG de ce dernier, Steve Ballmer.