Avoir 2000 amis dans la «vraie vie», c'est beaucoup... trop. Sur Facebook, c'est insuffisant. Surtout pour une formation politique. Comme quoi les partis auraient avantage à mieux utiliser les outils Internet s'ils veulent attraper plus de supporteurs dans «leur toile».

En date d'hier, Jean Charest avait 1812 fans, le Parti québécois (PQ), 2244, et l'Action démocratique, 301. Toutes proportions gardées, c'est une goutte d'eau comparativement aux trois millions de supporteurs inscrits sur la page du président des États-Unis, Barack Obama. «(ADQ) On a vécu une élection où le Parti démocrate a fait l'illustration qu'Internet est efficace. Voici comment on peut entrer en communication avec les gens», explique Mario Asselin, directeur général d'Opossum apprentissage et technologies et blogueur à ses heures. Il fait nottament référence aux millions de dollars amassés par le candidat grâce au Web.

 

Il semble que cette dimension échappe encore aux formations politiques québécoises. «En général, ils utilisent Internet comme si c'était une grosse télévision. Ils sont convaincus que c'est un moyen de pousser leur message sans l'intermédiaire des médias. Et c'est une grave erreur», ajoute le spécialiste. En effet, les internautes peuvent regarder, notamment, plusieurs clips de campagne.

«Le Web, c'est surtout un lieu de dialogue. Cette partie d'échange qui est possible, ils ne l'utilisent pas, en général. Ils ont une Lamborghini et ils s'en servent comme une Lada. Ils doivent arrêter de penser que ça se fait uniquement en campagne. On peut pas dire à quelqu'un : «Je rentre en communication avec toi parce que j'ai besoin de ton vote. Ensuite, je coupe cette communication.»

Ce constat s'applique aux sites de réseau social comme Facebook, mais aussi aux sites officiels des partis. Par exemple, M. Asselin a remarqué que le PQ a saboté le blogue qu'il affichait sur son site depuis déjà quelques mois. Selon lui, c'est une mauvaise décision.

Marc David, professeur en communications à l'Université de Sherbrooke, estime aussi que l'analyse des outils Internet des partis démontre qu'ils ne «travaillent pas pour créer un contact». Le potentiel est, selon lui, sous-utilisé.

Peut-on maintenant calculer l'impact Internet dans l'ensemble d'une stratégie de communication d'un parti? C'est difficile, admet M. David. Surtout qu'ils ne savent pas trop comment l'utiliser.

Et que penser de la «blogos-phère» où tout citoyen peut créer sa propre page et inviter des gens à discuter politique? Certains sont partisans, d'autres, non. Ont-il un impact sur le vote? Autre difficile interrogation. «Il en existe plusieurs. Mais au-delà du nombre, il faut voir combien de participants compte chaque blogue», précise le professeur.

Même s'il consent que les blogues ne sont pas encore aussi populaires ici qu'aux États-Unis, M. Asselin croit dans ce qu'il appelle la «théorie de la longue traîne». En fait, les internautes qui se branchent sur ces blogues deviendraient, en somme, des «leaders d'opinion, qui propagent des idées à leur entourage. En bout de ligne, ils peuvent, d'une certaine manière, influer sur le vote avec les échanges qu'ils ont eu sur Internet.

Vous pouvez juger par vous-même de la qualité des sites des trois principaux partis : adq.qc.ca, plq.org et pq.org.