Naviguer dans internet haute vitesse n'est pas un luxe, c'est un droit fondamental, tout comme avoir de l'eau qui sort du robinet ou de l'électricité pour s'éclairer et se chauffer. «Ben là, faudrait pas exagérer!», que vous vous dites. Et si, on en était rendu là? C'est ce que soutiennent plusieurs spécialistes québécois, qui tentent de faire entendre leur voix dans la campagne électorale actuelle.

Tout a commencé par une lettre adressée à Jean Charest et signée de la main de Patricia Tessier le 28 octobre. Cette blogueuse, qui est aussi consultante en stratégies internet, demande au premier ministre de doter le Québec d'un plan numérique. Sa lettre a immédiatement été reprise et saluée par d'autres blogueurs. Cette fin de semaine, le groupe qui prend de l'ampleur même créé un wiki, c'est-à-dire une plate-forme qui permet d'écrire collectivement ce plan numérique (www.unplannumeriquepourlequebec.com).

C'est que la situation s'aggrave. Un rapport de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) soutient qu'en cinq ans, le Canada est passé du 2e au 10e rang des pays les plus branchés, avec seulement 26,6 % de ses habitants abonnés à la haute vitesse.

Autrefois un leader, le Canada perd des plumes. Selon Monique Chartrand, directrice générale de Communautique (un organisme qui enseigne aux gens à se servir d'Internet), il était facile pour le pays de connecter ses résidants à la première génération d'Internet, soit la basse vitesse. Les fils téléphoniques se rendaient déjà dans toutes les chaumières!

Mais pour ce qui est de la haute vitesse, transmise par fibre optique ou par une technologie sans fil, c'est une autre paire de manches. Aujourd'hui, même la Corée du Sud nous coiffe au fil d'arrivée.

Et le Québec est une des provinces qui utilisent le moins Internet. En 2002, le gouvernement a bien mis sur pied le programme Village branchés, qui a permis de connecter à la haute vitesse des milliers d'hôtels de ville et d'écoles en régions éloignées.

Louis Houle, président de l'organisme Un Québec branché sur le monde, trouve cette initiative excellente. Mais le gros du travail reste à faire : il faut apprendre aux gens à se servir d'Internet, à apprivoiser cette bibitte qui fait encore peur à plusieurs d'entre eux.