Le président français Nicolas Sarkozy assigne vendredi en justice une maison d'édition afin qu'elle retire de la vente des poupées vaudou à son effigie commercialisées sur internet depuis quinze jours, a-t-on appris jeudi auprès du tribunal de grande instance de Paris.

Le 16 octobre, l'avocat de M. Sarkozy, Me Thierry Herzog, avait adressé un courrier aux éditions K&B réclamant le retrait de ces poupées de la vente. N'ayant pas obtenu gain de cause, le chef de l'Etat a décidé de l'assigner en justice pour «violation du droit à l'image» et demande «la cessation de la diffusion de la poupée», sous astreinte de 1.000 euros par infraction.

La maison d'édition a jugé le retrait de la vente exigé par M. Sarkozy «totalement disproportionné compte tenu de l'aspect ludique et humoristique du Manuel», dans un communiqué.

Outre un manuel contenant une biographie humoristique du président, sur les poupées représentant M. Sarkozy figurent des inscriptions qui font référence à des épisodes ou des formules controversés de son parcours politique telles que l'un des leitmotiv de sa campagne, «Travailler plus pour gagner plus», raillé par certains détracteurs alors que le chômage augmente en France.

Y figurent également le mot «racaille» dont M. Sarkozy avait qualifié des jeunes de banlieues défavorisées, ou encore le «Casse-toi pauv'con» lancé à un homme qui avait refusé de lui serrer la main lors d'une visite à une exposition agricole.

Sur celles de Ségolène Royal sont notamment inscrits «Vive le Québec libre» ou «Justice chinoise», allusions à des déclarations controversées de la socialiste sur la «souveraineté» de la province canadienne ou sur la «rapidité» de la justice chinoise.

M. Sarkozy reproche à l'éditeur d'«avoir diffusé, sans son autorisation, et à des fins commerciales, une poupée vaudou à son effigie».

Au vu de l'assignation consultée par l'AFP, son avocat devrait arguer qu'une telle pratique «ne participe pas à l'existence de la liberté d'expression» et «n'est justifiée par aucun motif légitime d'information du public».

Premier chef de l'Etat français aller en justice pour ce qu'il considère comme des atteintes à son image, M. Sarkozy a porté plainte la semaine dernière pour «dénonciation calomnieuse» après la publication d'extraits des carnets personnels d'un ancien responsable des services de renseignement contenant des affirmations touchant à sa vie privée.

En février, il avait porté plainte contre le site internet du Nouvel Observateur pour l'évocation d'un SMS prétendument adressé à son ex-épouse Cecilia. Il avait retiré sa plainte quelques semaines plus tard après des excuses du journaliste.