Aux États-Unis, si vous voulez vous épargner le fait d'annoncer vous-même à votre petit ami que vous rompez ou si vous cherchez quelqu'un pour vous nettoyer les oreilles, Internet est là pour ça, permettant de sous-traiter à peu près n'importe quoi.

De plus en plus de sociétés mettent à la disposition de leurs clients, via Internet, quelqu'un qui pourra assurer à leur place les tâches difficiles ou délicates de leur vie de tous les jours, ou simplement celles qu'ils n'ont jamais le temps de faire.

«Une femme nous a appelé pour nous demander de rompre avec quelqu'un à sa place. Du moins je suppose qu'il s'agissait d'une rupture, car nous avons annulé un rendez-vous galant pour elle et envoyé ses salutations au gars. J'espère qu'il n'a plus voulu entendre parler d'elle après cela», raconte à l'AFP Steve Ludmer, cofondateur d'AskSunday.com.

Il a créé il y a un an avec un partenaire cette société qui propose de faciliter la vie de ses clients. Tous deux étaient «des professionnels complètement à court de temps» qui partageaient un fantasme.

«Nous nous disions: qu'est-ce que ce serait bien si nous avions un assistant... mais pas au travail, où l'on est souvent réticent à confier à quelqu'un des tâches personnelles», explique-t-il.

Des proches partageaient cette aspiration, mais craignaient que l'embauche d'un assistant ne leur coûte des milliers de dollars. «C'est ainsi que nous est venue l'idée de proposer une équipe d'assistants basés en Inde, que les gens pourraient appeler ou contacter par courriel quand ils ont besoin d'aide. Avec ce genre d'organisation, nous pouvons proposer un prix très abordable», explique-t-il.

Si l'on compose le numéro d'AskSunday à Washington, New York, Londres ou Sydney, l'appel est transféré vers Hyderabad, en Inde, où des assistants personnels sont sur la brèche 24 heures sur 24, sept jours sur sept.

Un concurrent d'AskSunday, baptisé Get Friday, opère de la même façon depuis Bangalore.

«Là-bas, nous attirons des diplômés de l'enseignement supérieur intéressés et motivés par un emploi dans un centre d'appel international. Ici, étant donné le salaire que l'on pourrait offrir pour que cela fonctionne, ce serait difficile d'attirer des gens motivés et dévoués», souligne M. Ludmer.Une autre société, baptisée Do My Stuff («fais mon boulot»), opère différemment: les utilisateurs qui veulent sous-traiter une tâche onéreuse ou désagréable la postent sur le site et attendent les offres.

«Quelqu'un a demandé qu'on lui nettoie les oreilles. Nous avons cru à une blague, mais nous avons laissé l'offre sur le site et il y a eu des propositions. Celle qui l'a emporté venait d'un médecin, qui a expliqué qu'il savait nettoyer les oreilles de manière professionnelle», a raconté à l'AFP David Davin, de Do My Stuff.

La société, qui n'exige pas de frais d'inscription, compte 50 000 utilisateurs après un an et demi d'existence.

«À l'avenir, nous imaginons quelque chose comme la possibilité d'aller sur le site et de dire: "aujourd'hui, je vais faire une course dans telle partie de la ville"».

«Vous postez ça sur Do My Stuff, qui regarde tout ce que vous pouvez faire par la même occasion (par exemple récupérer les vêtements de quelqu'un au pressing) et gagner un peu d'argent tout en faisant vos courses, étant donné que vous les feriez de toute façon», explique-t-il.

AskSunday, qui ne précise pas le nombre de ses utilisateurs ni de ses employés, facture ses services de 19 dollars par mois pour dix demandes à 135 dollars pour 90 demandes, par exemple obtenir un rendez-vous chez le médecin ou effectuer une réservation au restaurant.

Pour l'instant, le site n'opère qu'en anglais, mais Steve Ludmer pense qu'un service en français serait envisageable, en ouvrant un centre d'appel en Afrique francophone.