Lancer sa propre entreprise en sortant de l'université, c'est rare. La lancer quand on est encore sur les bancs d'école, ça frise l'exceptionnel. C'est pourtant le cas de deux Québécois qui ont découvert les technos à un jeune âge et qui ont su en profiter rapidement.

Émile Girard avait 14 ans quand il a mis sur pied son premier site web, Humour Québec. C'était en 1999, bien avant l'engouement pour le web 2.0 et pour les blogues. Comme il le dit aujourd'hui, il y avait beaucoup de place à l'époque pour un concept de ce genre. «Je faisais tout moi-même. J'ai beaucoup appris; ça a été mon école.»

Il y a deux ans, Émile a mis sur pied un second site, Fanatique.ca, un site d'actualité et de discussion spécialisé dans le sport. «Ce site-là est né en réaction à l'uniformité du contenu dans les médias sportifs, explique-t-il. Les articles d'AFP et de La Presse Canadienne qui sont repris partout»

Selon les statistiques qu'il publie lui-même, Humour Québec et Fanatique.ca attirent quotidiennement plus de 10 000 visiteurs uniques. Pour des sites spécialisés dans un marché comme le Québec, c'est tout à fait acceptable.

Assez, en tout cas, pour intéresser les acheteurs potentiels. Au début de l'année, le groupe montréalais Branchez-vous a contacté Émile Girard, en vue d'ajouter les deux sites à son portfolio déjà assez diversifié. La transaction a finalement eu lieu à la mi-mars. «Tout est tombé à point», résume le principal intéressé.

Référencement et réseautage

Gab Goldenberg est âgé de 20 ans. Il étudie actuellement à l'Université McGill, mais son principal intérêt se trouve sur la Toile. Car Gab Goldenberg est aussi consultant en référencement. Autrement dit, il aide des commerçants à accroître substantiellement le nombre de visiteurs qu'ils attirent sur leur site web.

«J'aide l'Hôtel de Paris (rue Sherbrooke) à bien se classer dans les résultats quand quelqu'un lance une recherche avec les mots-clés «Hôtel» et «Montréal»», illustre-t-il. Le jeune homme est donc devenu un expert en «optimisation pour moteurs de recherche», un dérivé du marketing qui brasse de gros sous: 12,2 milliards de dollars américains, selon l'association américaine des professionnels en la matière (SEMPO).

En février dernier, ça lui a valu une invitation à titre de conférencier, à l'occasion du Search Marketing Expo West à Santa Clara, en Californie, un important congrès international sur le référencement fondé par Danny Sullivan, l'un des gourous en la matière. «Ça fait de moi un des plus jeunes dans le domaine», dit-il.

Créer des liens

Pour démarrer, le jeune Montréalais a envoyé un message à un grand expert en référencement, Rand Fishkin, établi à Seattle. «Je lui ai demandé comment je pouvais trouver beaucoup de clients», raconte-t-il. «Il m'a répondu que je devais être présent dans les médias, sur la Toile et être bien placé dans les résultats des moteurs de recherche!»

Autrement dit, il faut qu'il crée des liens, le plus possible, avec les gens de sa communauté. «Plus on rencontre de gens, plus on crée des liens, plus on a du boulot», estime le jeune consultant. Pour expliquer le succès de ses sites, Émile Girard dit exactement la même chose: «Il faut créer des liens, ça amène du trafic sur les sites, c'est indissociable.»

Si cette logique est en quelque sorte le fondement même du web 2.0, c'est aussi une attitude qui semble définir adéquatement la génération montante. Il n'est donc pas surprenant de voir certains des jeunes créer une entreprise basée sur ce principe.

«Je rencontre beaucoup de jeunes qui se lancent en affaires sur l'internet, parce que les outils leur sont plus accessibles», conclut Gab Goldenberg. Comme le dit à la blague Émile Girard: «On ne se pose pas de question: on profite de nos prêts et bourses et on lance un site web!»