Concours sur internet pour choisir des publicités ou jingle électoraux, débats virtuels sur Second Life: les partis espagnols se sont mis à la «cyber-politique» pour encourager les jeunes à voter dimanche aux législatives.

Concours sur internet pour choisir des publicités ou jingle électoraux, débats virtuels sur Second Life: les partis espagnols se sont mis à la «cyber-politique» pour encourager les jeunes à voter dimanche aux législatives.

Même si en terme d'impact global, internet reste nettement derrière la télévision, la presse et la radio, «c'est un secteur extrêmement important car en forte croissance et très consulté par les jeunes», explique Oscar Lopez, coordinateur la campagne électorale du parti socialiste (PSOE) au pouvoir.

La mobilisation d'un public jeune, peu politisé «qui n'arrive pas à la politique par les médias traditionnels», est devenu un souci majeur pour les partis, explique José Francisco Mendi, responsable communication à la coalition écolo-communiste Izquierda Unida (IU).

En Espagne, 54,2% des usagers d'internet ont moins de 35 ans et les jeunes de 15 à 24 ans sont 87,3% à surfer sur la toile, selon des données de l'organisme public Red Iris.

Les grands partis empruntent généralement le mode ludique pour capter l'électorat jeune: le Parti populaire (PP, droite) a invité les internautes à créer un spot électoral tandis qu'IU a organisé un concours similaire pour réaliser son jingle.

IU, troisième force nationale après les socialistes du PSOE et le PP, est d'ailleurs considéré comme un pionnier en matière de «cyber-politique», avec la création, il y a environ un an, d'un «avatar» de son leader Gaspar Llamazares, sur l'espace virtuel SecondLife.

«L'objectif a été de surprendre, d'innover et de sortir du politiquement correct» indique M. Mendi, en référence à "Gaspi" le double virtuel de M. Llamazares, affairé à résoudre des problèmes d'actualité sur Second Life.

IU a même organisé un débat virtuel sur SecondLife entre «Gaspi» et les avatars du chef de gouvernement socialiste José Luis Rodriguez Zapatero et du leader conservateur Mariano Rajoy, sa manière de contester le fait que Llamazares n'ait pas été invité à partager les duels télévisés Zapatero/Rajoy.

Ces initiatives ont surtout pour but de faire parler d'elles sur les autres médias, reconnaît-on à IU.

Les partis et les leaders politiques ne se contentent plus d'avoir des pages web officielles attractives mais s'invitent sur les sites les plus visités comme le site de socialisation Facebook ou le portail video YouTube.

Tant le chef de gouvernement que son opposant conservateur disposent d'une fiche sur Facebook avec une longue liste d'amis: environ 5000 pour Rajoy et 1500 pour Zapatero.

Au PP, la tactique n'est pas de «construire un paquebot sur Internet» mais plutôt de poser des «succursales sur les pages les plus visitées afin d'assurer une présence», explique José Luis Ayllon, responsable communication du PP.

Les duels télévisés Zapatero-Rajoy ont été largement retransmis sur le net, via une cinquantaine de sites et suivis par 400 000 internautes (contre 13 et 12 millions de téléspectateurs).

La vedette internet de la campagne espagnole est sans conteste la «fille de Rajoy», évoquée par le leader conservateur en conclusion de ses débats télévisés. M. Rajoy y faisait l'énumération de tout ce qu'il souhaitait pour une «fille née en Espagne», comme métaphore de son propre programme.

La «niña de Rajoy» a été rapidement détournée sur de nombreuses vidéos en ligne, généralement satiriques, sous les traits de la gentille Heidi du célèbre dessin animé pour enfants, rabaptisée «Rajoydi» et vivant dans un pays idyllique «sous un gouvernement de droite».