Quel point commun entre un personnage virtuel du site Second Life et un habitant du Brésil? Tous deux consomment en moyenne la même quantité d'électricité chaque année, une comparaison qui illustre la voracité énergétique d'internet.

Quel point commun entre un personnage virtuel du site Second Life et un habitant du Brésil? Tous deux consomment en moyenne la même quantité d'électricité chaque année, une comparaison qui illustre la voracité énergétique d'internet.

Pour «vivre», les «avatars» de Second Life, ces personnages que tout un chacun peut créer et faire évoluer dans un univers sur internet imitant la vie réelle, ont besoin de centres de données géants (data centers), extrêmement gourmands en énergie.

Réduire l'appétit des gigantesques «fermes informatiques» qui alignent sur des milliers de mètres carrés des câbles et des ordinateurs aux capacités de calcul phénoménales, qui stockent et transmettent sans discontinuer les données des internautes du monde entier, est l'un des défis du secteur des hautes technologies, réuni cette semaine au salon Cebit de Hannovre (nord).

Les comparaisons frappantes sur ces «fermes» ne manquent pas.

Siegfried Behrendt, chercheur de l'institut de recherche berlinois IZT, a calculé que télécharger sur son ordinateur la version électronique de son quotidien préféré consommait autant d'électricité que de faire une lessive.

L'entreprise allemande de services informatiques Strato fait valoir de son côté qu'une recherche sur le site Google est équivalente à une heure de lumière dispensée par une ampoule à économie d'énergie.

Dans toutes ces actions, la consommation d'électricité de l'ordinateur de l'internaute n'est rien par rapport à celle du serveur géant qui va gérer la transaction.

Dans une étude commandée par le fabricant de composants AMD, l'université américaine de Stanford a calculé que, chaque année, les plus grandes «fermes informatiques» du monde faisaient tourner 14 centrales électriques. Entre 2000 et 2005, leur consommation d'électricité a doublé.

L'universitaire de Dresde (est) Gerhard Fettweis juge qu'à ce rythme, dans moins d'un quart de siècle, l'internet à lui seul consommera autant d'énergie que toute l'humanité aujourd'hui, a-t-il dit à l'hebdomadaire WirtschafstWoche.

D'ici 2010, «tout est possible. Soit rien ne change, et la consommation des centres de données augmente encore de 50%. Soit de réels efforts sont faits, et là c'est une baisse de 50% qui est envisageable», indique à l'AFP Siegfried Behrendt.

Sur leurs stands du Cebit, placé cette année sous le signe de la technologie «verte», les géants du secteur informatique présentent déjà des innovations destinées à améliorer le bilan écologique des centres de données.

L'américain IBM vante ainsi un prototype qui permet d'éviter le gâchis d'énergie sous forme de chaleur, l'un des principaux défis pour ces ordinateurs surpuissants, constamment climatisés pour éviter la surchauffe.

IBM a mis au point un circuit de refroidissement, sur le même principe que celui des centrales électriques, et propose d'utiliser la chaleur ainsi récupérée sous forme de chauffage.

Aux États-Unis, les dernières «fermes informatiques» géantes, par exemple celle du leader mondial des logiciels Microsoft à Quincy (nord-ouest), qui couvre l'équivalent de sept terrains de football, sont construites sur la côte nord-ouest, à proximité de centrales hydrauliques, par souci écologique.

Une dernière piste est celle de la «virtualisation»: il s'agit d'utiliser des logiciels perfectionnés pour faire fonctionner sur une seule machine plusieurs systèmes d'exploitations ou applications, exactement comme si plusieurs ordinateurs tournaient en même temps.

L'objectif: réduire le nombre de serveurs matériels nécessaires pour stocker des données ou traiter des informations. Et donc réduire l'impact sur l'environnement.