Le portail Internet Yahoo! s'apprête à rejeter l'offre de rachat de 44,6 milliards de dollars lancée par le leader mondial des logiciels Microsoft, jugeant le prix trop bas, ce qui ouvre la voie à une possible série de surenchères.

Le portail Internet Yahoo! s'apprête à rejeter l'offre de rachat de 44,6 milliards de dollars lancée par le leader mondial des logiciels Microsoft, jugeant le prix trop bas, ce qui ouvre la voie à une possible série de surenchères.

Après avoir tenu plusieurs réunions ces derniers jours, le conseil d'administration de Yahoo! a fini par juger que l'offre non sollicitée de Microsoft «sous-évalue nettement le groupe, a annoncé samedi le quotidien Wall Street Journal, une information confirmée à l'AFP par une source proche du dossier.

La direction du groupe Internet prévoit de faire parvenir lundi une lettre à Microsoft argumentant cette position, selon le quotidien.

Ni Yahoo! ni Microsoft n'avaient réagi à cette information samedi en fin de journée, alors que les deux groupes ont été plutôt enclins à communiquer leurs positions depuis l'annonce de l'offre, le 1er février: l'optimisme de recevoir une réponse rapide et favorable du côté de Microsoft, l'envie d'étudier toutes les options possibles dans le camp Yahoo!.

A 44,6 milliards de dollars, soit 31 dollars par action, et avec une prime de 62% par rapport à la valeur boursière de Yahoo! la veille de son annonce, cette offre serait pourtant le plus gros rachat jamais réalisé dans l'histoire de l'Internet.

L'offre représenterait aussi l'union historique entre l'icône mondiale de l'informatique et le grand pionnier du web, né en 1994 et resté longtemps le site Internet le plus populaire du monde, avant d'être dépassé par Google.

Mais ce projet n'est pas suffisant aux yeux de Yahoo!. Microsoft cherche à tirer parti de la faiblesse récente du cours de l'action Yahoo! pour «voler" le groupe, ont estimé des sources proches de Yahoo! citées par le Wall Street Journal.

De fait, la direction du portail Internet ne serait pas prête à considérer une offre inférieure à 40 dollars par action, croit savoir le journal.

Il n'est pas certain que Microsoft soit prêt à relever les enchères, ni que Yahoo! soit vraiment disposé à accepter une offre plus élevée, sachant que le groupe semblait jusqu'à présent plutôt privilégier la voie des solutions alternatives, avec en tête une alliance avec Google dans la publicité en ligne.

Pour Microsoft comme pour Yahoo!, l'enjeu est de taille car le mariage permettrait de venir bousculer Google, qui domine haut la main la fréquentation sur Internet, et donc le très rentable marché de la publicité en ligne.

Selon le cabinet Comscore, l'ensemble Microsoft-Yahoo! serait leader mondial en terme de fréquentation sur Internet, avec 665 millions de visiteurs uniques par mois, contre 588 millions à Google et son célèbre moteur de recherche. Séparément, Microsoft est actuellement numéro 2, avec 540 millions de visiteurs et Yahoo!, numéro 3, avec 484 millions.

L'ensemble Microsoft-Yahoo! serait aussi en tête dans les courriels et dans la messagerie instantanée, mais le mariage Microsoft-Yahoo! ne parviendrait pas à détrôner Google dans la recherche sur Internet, avec 15,7% du marché mondial selon les calculs de Comscore... contre 62,4% pour Google.

Pour sa part, Google s'est insurgé la semaine dernière contre les ambitions de Microsoft, accusant ce dernier de vouloir étendre sa domination de l'informatique au monde de l'Internet.

Dans ce contexte, Google a tout intérêt à aider Yahoo!, jugent plusieurs analystes. Le scénario d'un rachat pur et simple par Google est écarté par le marché, car le projet serait retoqué par les autorités de la concurrence au vu de la position déjà dominante de Google. Un partenariat Yahoo!-Google reste une alternative plus réaliste.

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