La cyberdépendance a beau ne pas être encore officiellement reconnue comme une pathologie, elle peut faire des ravages chez les jeunes en freinant leur développement social.

La cyberdépendance a beau ne pas être encore officiellement reconnue comme une pathologie, elle peut faire des ravages chez les jeunes en freinant leur développement social.

À l'ère où des enfants d'âge préscolaire savent déjà quoi faire de leurs dix doigts devant un ordinateur, les longues heures passées sur Internet par leur jeune inquiètent bien des parents. Le directeur scientifique du Centre québécois de lutte aux dépendances (CQLD), Pierre Vaugeois, estime qu'il ne faut toutefois pas sauter trop vite aux conclusions.

Identités virtuelles

«La durée de l'utilisation peut être le premier signal d'alarme, mais ça ne veut pas nécessairement dire qu'il y a cyberdépendance, souligne-t-il. Il y a d'autres symptômes, comme lorsqu'une personne s'isole et néglige ses activités.» Dans le cas d'un étudiant, la négligence des travaux scolaires, des loisirs, des amis et de la famille font partie des symptômes d'une dépendance à Internet.

Chez les internautes fanatiques des jeux en ligne, la dépendance peut se traduire par la création d'une nouvelle identité, purement virtuelle. «Dans les jeux virtuels, il se crée des avatars [représentation informatique d'un joueur], et certains vivent par procuration avec ces petits bonshommes», explique M. Vaugeois.

Les personnalités existant uniquement dans le cyberespace sont loin d'être souhaitables, note le directeur scientifique du CQLD. «L'être humain, c'est un être social. De par nature, on vit en société, donc si on se coupe de la réalité sociale, à un moment donné, ça va nous retomber dans la face.»

Si la cyberdépendance frappe à l'enfance ou à l'adolescence, les risques de développer un mode de vie schizoïde sont omniprésents, le jeune ayant tendance à s'isoler dans son monde virtuel. «C'est accrocheur, parce que sur Internet, il n'y a pas toutes les craintes associées aux relations réelles, comme la crainte d'être rejeté, de ne pas être assez beau ou assez gentil», note le spécialiste.

Afin de prévenir la cyberdépendance, M. Vaugeois estime que les jeunes ne devraient pas bénéficier en tout temps d'un libre accès à Internet. «C'est trop facile de s'accrocher et, une fois que c'est fait, c'est difficile de les décrocher, explique-t-il. Les parents peuvent vouloir les aider, mais il y a des jeunes qui peuvent devenir agressifs.»

Le Centre québécois de lutte aux dépendances est d'ailleurs à la recherche de personnes devant composer avec la cyberdépendance d'un proche. «On cherche à connaître les besoins des proches, savoir comment ils vivent la situation, ce qu'ils ont essayé comme solutions», explique Hélène Letellier, agente de recherche au CQLD. Le centre souhaite réaliser des entrevues téléphoniques (confidentielles) sur le sujet, afin d'offrir une documentation expliquant comment il est possible d'aider un proche cyberdépendant.

Pour joindre le Centre Dollard-Cormier, institut universitaire sur les dépendances : (514) 385-0046

Pour joindre le Centre québécois de lutte aux dépendances : info@cqld.ca, ou (514) 389-6336.

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