Le nouveau PDG de Time Warner Jeffrey Bewkes a redéfini mercredi les contours du conglomérat américain des médias, annonçant des évolutions stratégiques majeures dans le câble, la fourniture d'accès à Internet ou dans la production cinématographique.

Le nouveau PDG de Time Warner Jeffrey Bewkes a redéfini mercredi les contours du conglomérat américain des médias, annonçant des évolutions stratégiques majeures dans le câble, la fourniture d'accès à Internet ou dans la production cinématographique.

Entré en fonction le 1er janvier, M. Bewkes est engagé dans une course à la rentabilité, rendue nécessaire par la baisse des résultats du groupe et passant par une transformation de son modèle économique.

Time Warner a publié pour le quatrième trimestre un bénéfice net en fort repli de 41%, qui s'explique en partie par les importants gains enregistrés il y a un an sur la cession de plusieurs filiales internationales d'AOL.

Sur l'année 2007, le bénéfice net est également en baisse, de 33% à 4,387 milliards de dollars.

M. Bewkes souhaite d'abord faire évoluer le niveau de participation, actuellement de 84%, dans la filiale Time Warner Cable, l'un des principaux moteurs de croissance du groupe.

Le câble pèse 34% du chiffre d'affaire de l'ensemble, ce qui en fait la première division du groupe, mais affiche surtout des niveaux de marges nettement plus élevés que les autres départements.

M. Bewkes n'a pas précisé si le conglomérat souhaitait monter à 100% du capital ou, au contraire, se désengager, pour tout ou partie.

Selon le quotidien Washington Post, une vente ou une scission auraient la préférence du nouveau dirigeant.

«Personne ne doit s'imaginer que nous avons perdu la foi dans l'industrie du câble. En réalité, c'est le contraire. Nous pensons qu'elle est sous-évaluée», a-t-il ajouté, ce qui tendrait à valider le scénario d'une intégration complète au sein de Time Warner. Une position devrait être arrêtée d'ici fin avril.

La voie est moins incertaine pour la filiale Internet AOL. Le groupe «travaille à la séparation» entre son activité de fournisseur d'accès à Internet et le reste d'AOL.

«Cela devrait élargir l'éventail d'options stratégiques pour chacune des activités d'AOL», a expliqué M. Bewkes, pointant ostensiblement dans la direction d'un désengagement du métier de fournisseur d'accès.

«Il nous faut aller au bout du changement de modèle d'AOL», a ajouté le PDG. Cette évolution, entamée en 2006, a mené le conglomérat à renoncer aux abonnements payants pour basculer progressivement sur un modèle économique lié aux revenus de la publicité en ligne.

Il s'agit désormais davantage de développer des programmes accessibles gratuitement (séries TV, actualités, musique, etc.) pour mieux rivaliser avec la forte capacité de Yahoo! et Google à attirer de la publicité. La fourniture d'accès, avec les coûts d'infrastructures qui lui sont inhérents, n'a pas place dans cette approche.

La réflexion stratégique du nouveau dirigeant implique également le studio de cinéma New Line, qui «n'est pas dans la catégorie des grands studios, particulièrement Warner (l'autre studio du groupe, NDLR), qui sont susceptibles de s'adresser au plus grand nombre, partout dans le monde», selon M. Bewkes.

«La question se pose de savoir si le fait de contrôler deux studios de cinéma a toujours du sens», s'est-il interrogé publiquement.

Cette vague d'annonces était bien accueillie par le marché, l'action prenant 3,90% à 16 dollars vers 18H20 GMT, sur un marché en hausse moindre de 0,49%.

Les grandes manoeuvres de M. Bewkes visent, entre autres, à redresser le cours de l'action Time Warner, qui a perdu près d'un tiers de sa valeur depuis la mi-janvier 2007.