Le projet d'acquisition de Yahoo! par Microsoft ferait du plus important fabricant mondial de logiciels «un concurrent nº 2 de bonne taille» contre Google, le leader parmi les moteurs de recherche sur Internet, soutenait lundi Steve Ballmer, le PDG de Microsoft.

Le projet d'acquisition de Yahoo! par Microsoft ferait du plus important fabricant mondial de logiciels «un concurrent nº 2 de bonne taille» contre Google, le leader parmi les moteurs de recherche sur Internet, soutenait lundi Steve Ballmer, le PDG de Microsoft.

S'adressant à un groupe d'analystes à New York, M. Ballmer a affirmé que l'acquisition de Yahoo! augmenterait la concurrence plutôt que de la diminuer dans le secteur des recherches sur le web et sur le marché de la publicité.

«Google jouit nettement d'une position dominante et il accapare environ 75% des recherches payantes à l'échelle mondiale, a dit M. Ballmer. Nous croyons que cela augmentera la compétition. Toute autre solution serait moins bonne dans cette perspective.»

Dimanche dernier, un dirigeant de Google soutenait que Microsoft pourrait se servir de l'acquisition de Yahoo! pour exercer davantage de contrôle sur Internet, mettant ainsi en évidence le malaise que ressent le leader des recherches sur le Web devant la possibilité que ses deux plus gros concurrents unissent leurs forces.

L'opposition de Google au projet de Microsoft n'est pas une surprise étant donné que Microsoft voit dans Yahoo! une arme cruciale dans sa bataille pour gagner du terrain sur Google.

«Il est question ici bien plus que d'une simple transaction financière, le rachat d'une compagnie par une autre», écrivait Michael Drummond, le chef du contentieux de Google, dans le blogue de la société.

«Il s'agit, poursuivait-il, de préserver les principes sous-jacents d'Internet: l'ouverture et l'innovation».

Jusqu'à présent, Yahoo! n'a pas eu grand-chose à dire à propos du projet de rachat par le géant de Redmond, sinon que son conseil d'administration examinera avec soin l'offre de Microsoft, un processus «qui est susceptible de prendre pas mal de temps», selon un message paru sur le site web de la compagnie de Sunnyvale.

Pour sa part, Chris Liddell, le directeur financier de Microsoft, disait hier s'attendre à ce qu'un accord passé avec Yahoo! soit conclu d'ici la fin de l'année.

Lundi, le titre de Yahoo a gagnait 95 cents US, ou 3,35%, à 29,33$ US, alors que l'action de Microsoft a perdu 26 cents US à 30,19$ US. De son côté, le titre de Google chutait de 20,47$ US, ou de 3,97%, à 495,43$ US.

Depuis l'annonce de son offre non sollicitée tôt vendredi dernier, Microsoft tente de dépeindre le rachat de Yahoo! comme étant une bonne affaire à la fois pour les annonceurs et les consommateurs, parce que les deux compagnies réunies pourraient concurrencer Google plus efficacement.

Mais Google peint un tout autre tableau et soutient que Microsoft pourra étouffer la concurrence en se servant de son système d'exploitation Windows, qui occupe une position dominante, pour monter les ordinateurs personnels de telle façon que les consommateurs seront automatiquement dirigés vers les services en ligne contrôlés par Microsoft, tels le courriel et la messagerie instantanée.

Dans une initiative qui illustre à quel point Google souhaite torpiller le projet de Microsoft, Eric Schmidt, le PDG de Google, a téléphoné vendredi dernier à Jerry Yang, le PDG de Yahoo!, pour lui offrir son aide pour repousser l'offre de Microsoft, selon un article paru dimanche sur le site web du The Wall Street Journal, qui citait des personnes au courant du dossier ayant requis l'anonymat.

Cette offre d'aide ne comprenait pas une proposition concurrente à celle de Microsoft, mais peut-être un soutien à d'autres prétendants potentiels ou une garantie de revenus en échange d'un partenariat de publicité avec Yahoo! , ont indiqué les sources du journal.

Ce dernier a ajouté que AT&T, Time Warner et News Corp. n'ont pas l'intention de faire une offre pour Yahoo! .

Pour renforcer son argumentaire, Google a rappelé la manière dont Microsoft avait étendu la portée de son explorateur web et de ses autres applications, stratégie qui avait entraîné une poursuite du département américain de la Justice.

Cette poursuite alléguait que le fabricant de logiciels avait utilisé illégalement son système d'exploitation pour étouffer la concurrence.

Le différend a pris fin en 2002 avec un règlement qui a contraint Microsoft à abandonner certaines de ses pratiques passées.