Yahoo!, écrasé par la concurrence de Google qui concentre à lui seul plus de la moitié des recherches au niveau mondial et règne sur plus du tiers du marché publicitaire, est passé du statut de star d'Internet à celui de proie.

Yahoo!, écrasé par la concurrence de Google qui concentre à lui seul plus de la moitié des recherches au niveau mondial et règne sur plus du tiers du marché publicitaire, est passé du statut de star d'Internet à celui de proie.

Microsoft a annoncé vendredi une offre de 44,6 milliards de dollars sur Yahoo!, proposition que le portail américain va «examiner très attentivement».

En décembre, le cabinet américain Comscore relevait que Google avait encore assis son emprise sur les recherches Internet mondiales, avec 62,4% de parts de marché (66 milliards de requêtes effectuées sur ses pages), loin devant Yahoo! (12,8%) et Microsoft (2,9%).

Une domination qui entraîne de facto une place prépondérante sur le marché de la publicité en ligne, promis à un bel avenir. Ainsi selon les projections du cabinet eMarketer, sur un marché mondial qui devrait atteindre près de 50 milliards de dollars en 2008, Yahoo! n'en capterait que 17,5%, contre plus de 32% pour Google.

Pourtant Yahoo! a longtemps été le portail Internet le plus populaire au monde. Créé en 1994 par deux étudiants américains David Filo et Jerry Yang à l'université californienne de Stanford, c'est alors un guide de sites qui permet, par mots-clés, de s'y retrouver dans la jungle des pages de World Wide Web.

En 1996, il fait une fulgurante entrée en Bourse. Dès le premier jour, sa valeur atteint un milliard de dollars pour une société qui n'emploie alors que 36 personnes.

Mais avec l'arrivée de Google, en 1998, une vraie concurrence s'instaure entre les deux groupes.

Yahoo!, défendant ses positions, acquiert en 2003 l'américain Overture, pionnier dans la recherche commerciale sur Internet, pour 1,5 milliard de dollars.

Objectif: capter une part encore plus importante du marché de la publicité en ligne. Après trois années noires suite à l'éclatement de la bulle Internet, Yahoo! doit se montrer plus inventif et non plus se contenter des bannières publicitaires.

Il met à profit la technologie d'Overture de «liens sponsorisés» qui consiste à diriger les internautes vers des sites qui payent pour figurer en tête des requêtes.

Concrètement, lorsque l'utilisateur tape le mot «banque», les deux, trois voire les cinq premières réponses affichées peuvent être des liens publicitaires renvoyant vers des sites de groupes financiers, le plus offrant apparaissant en haut de la liste.

Un choix stratégique qui lui profite mais l'embellie ne durera pas face à Google. Ce dernier, avec sa page d'accueil rapidement accessible tant elle est dépouillée, lui grapille sans cesse des parts de marché.

De plus, il ne cesse de proposer de nouveaux services (Google Desktop Search, Gmail, Google Maps, Google Earth, ...), autant d'innovations qui générent un trafic croissant, la clé de la réussite pour attirer les annonceurs.

«Le succès de Google a tué la concurrence», relève Olivier Andrieu, spécialiste français des moteurs de recherche. «A partir du moment où Google était de loin le plus utilisé, les annonceurs sont allés là où il y avait le plus de trafic», a-t-il ajouté.

À partir de 2006, les résultats financiers de Yahoo! chutent. En juin 2007, le groupe californien rappelle aux commandes son cofondateur, Jerry Yang, le PDG d'alors Terry Semel s'étant montré incapable de redresser la barre.

Le groupe a annoncé mardi un millier de suppressions d'emplois sur un effectif de 14 300 personnes et a prévenu que l'année 2008 sera à nouveau difficile.

«On ne peut pas parler d'échec mais Yahoo! a plutôt été victime de l'incroyable succès de Google», a estimé Andrew Frank, analyste de Gartner.

À lire aussi:

Yahoo!: la proposition sera «étudiée»

Microsoft veut acheter Yahoo! pour 44,6 G$