La 42e édition du Midem, le Davos de l'industrie musicale, s'ouvre ce week-end à Cannes, et comme dans la station suisse, un krach sera dans tous les esprits: celui du disque, dont la crise n'en finit pas même si 2008 pourrait enfin marquer un vrai décollage du marché numérique.

La 42e édition du Midem, le Davos de l'industrie musicale, s'ouvre ce week-end à Cannes, et comme dans la station suisse, un krach sera dans tous les esprits: celui du disque, dont la crise n'en finit pas même si 2008 pourrait enfin marquer un vrai décollage du marché numérique.

Le Marché international du disque et de l'édition musicale aura lieu de dimanche à jeudi, précédé samedi par le MidemNet, consacré aux nouvelles technologies.

Ces derniers mois ont été riches en bouleversements. Dernier séisme en date, l'annonce par EMI - l'une des quatre «majors» avec le leader Universal, Sony-BMG et Warner - d'un plan de restructuration décidé par son nouveau propriétaire, le fonds d'investissement Terra Firma, avec la suppression du tiers de ses 5500 emplois dans le monde.

Robbie Williams, l'une de ses stars, a déjà annoncé qu'il refusait de fournir son prochain album à EMI. Coldplay pourrait l'imiter.

L'an passé, Paul McCartney avait quitté EMI pour rejoindre le label créé par la chaîne américaine de cafés Starbucks, accusant au passage les «majors» de ne pas avoir su faire face à la révolution internet. Les Rolling Stones ont eux aussi délaissé EMI pour leur prochain album, la BO d'un documentaire de Martin Scorsese, qui sortira chez Universal.

Madonna a également porté un coup de boutoir à l'hégémonie des «majors» en quittant Warner mi-octobre pour signer un accord de 120 millions de dollars sur dix ans avec le promoteur de concerts américain Live Nation. L'accord porte sur tous les aspects de sa carrière, du disque aux concerts en passant par les produits dérivés.

Ce type de contrats, «à 360°», se généralise au sein des maisons de disques: conscientes que les ventes de musique pourraient bientôt ne plus suffire à leur subsistance, elles veulent diversifier leurs revenus et profiter des concerts et de l'image des artistes, ces derniers devenant dès lors de véritables marques.

Autre innovation, la décision du groupe Radiohead de laisser les internautes fixer leur prix pour télécharger son nouvel album en octobre. Depuis, «In Rainbows» est sorti en CD de façon traditionnelle mais cette initiative est révélatrice de la soif d'expérimentations du secteur.

Car aucun modèle économique capable de remplacer durablement la distribution physique traditionnelle n'a encore émergé sur internet.

En France, 2007 a été une nouvelle année noire avec une chute de 17% du marché de la musique. Mais si le court terme est sinistré, les raisons d'espérer existent.

Plus que le téléchargement à l'acte, modèle dicté par Apple et son site iTunes, «majors» et producteurs indépendants attendent beaucoup des formules d'abonnement pour l'achat de musique sur le net et les téléphones mobiles.

Ils espèrent que leur décollage sera facilité par l'accord signé fin novembre avec les fournisseurs d'accès internet après la mission confiée au PDG de la Fnac, Denis Olivennes.

En attendant, le paysage hexagonal évolue et se concentre. Universal a racheté l'indépendant V2 (Henri Salvador, Bloc Party...) et récupéré certains artistes d'Atmosphériques, dont Abd al Malik, après la fin de leur association en joint venture.

Warner France, elle, a racheté Jean-Claude Camus Productions, qui produit notamment les spectacles de Johnny Hallyday.

Quelque 9000 participants assisteront au Midem, avec 74 conférences et 98 concerts. Peter Gabriel, l'ex-chanteur de Genesis, sera fait homme de l'année.

Enfin, cette édition marque un renforcement de la présence de la Chine, hôte d'honneur de la soirée d'ouverture.