Chaque année, tout près de 50 millions de tonnes de gaz carbonique s'envolent dans l'atmosphère, générées exclusivement par le réseau internet. C'était un phénomène jusqu'ici peu connu. Néanmoins, deux étudiants au doctorat des universités Yale et Harvard sont résolus à renverser cette tendance, et à prouver que le web 2.0 peut, au contraire, contribuer à développer de nouvelles technologies vertes.

Chaque année, tout près de 50 millions de tonnes de gaz carbonique s'envolent dans l'atmosphère, générées exclusivement par le réseau internet. C'était un phénomène jusqu'ici peu connu. Néanmoins, deux étudiants au doctorat des universités Yale et Harvard sont résolus à renverser cette tendance, et à prouver que le web 2.0 peut, au contraire, contribuer à développer de nouvelles technologies vertes.

Tim Sullivan et Alex Wissner-Gross assistaient à la conférence d'un important investisseur américain en capital-risque, John Doerr, lorsque l'idée leur est apparue. M. Doerr, personnage fort connu de la Silicon Valley, a contribué à la création d'entreprises comme Google, Symantec et Sun Microsystems. En mars dernier, il constatait l'échec de sa génération à fournir à ses enfants une planète en santé.

«En constatant la situation, ma fille m'a demandé de corriger les erreurs de notre génération», disait-il, visiblement ému. «Je ne crois pas que nous allons pouvoir y arriver.» Il n'en fallait pas plus pour émouvoir, à leur tour, les deux universitaires.

«Son message est que chaque individu compte et que nous devons contribuer davantage aux technologies vertes, se rappelle Alex Wissner-Gross. Ça nous a soudain frappés: même l'ordinateur sur lequel nous avons écouté son discours contribuait au problème!»

Un million de sites verts

Comme on peut s'en douter, la statistique citée d'entrée de jeu est le résultat du calcul suivant: les serveurs, les routeurs et les ordinateurs qui font vivre l'internet sont alimentés par du courant électrique, qui n'est pas toujours produit de façon très propre.

En utilisant les chiffres de l'Agence internationale de l'énergie, Tim Sullivan et Alex Wissner-Gross calculent qu'en moyenne, un micro-ordinateur (PC) en connexion avec un serveur produit autant de gaz carbonique que la respiration d'un humain et demi. En multipliant ça par le nombre global d'internautes, on arrive à un niveau de pollution plus important qu'on le soupçonnait à l'origine.

«La plupart des internautes ne réalisent pas leur impact environnemental, croit M. Sullivan. C'est pour ça que nous venons de lancer le projet CO2Stats, un compteur qui permet aux blogueurs et webmestres du monde entier de mesurer et de compenser les émissions de gaz carbonique générées par leur site.» Lancé le mois dernier, le petit gadget logiciel (»widget») de CO2Stats se retrouve aujourd'hui sur un peu plus de 300 000 sites web. À court terme, leur objectif est de l'installer sur un million de sites, un chiffre qui pourrait être atteint d'ici Noël, au rythme où vont les choses.

Surtout que ce service peut être utilisé gratuitement... et que CO2Stats se charge de compenser les émissions des sites qui utilisent son compteur. «Nous trouvons des commanditaires qui financent l'achat de crédits de compensation à l'organisme Sustainable Travel International. Celui-ci investit ensuite cet argent dans des projets écologiques et durables», expliquent-ils.

Web 2.0 et technos vertes

En quelque sorte, CO2Stats vise à faire le pont entre le web 2.0 et les technologies vertes. Selon ses créateurs, les réseaux sociaux créés sur l'internet peuvent aider à accentuer l'intérêt envers ces technologies.

«C'est grâce au côté viral du web 2.0, si notre logiciel est si populaire, explique M. Wissner-Gross. Nous misons sur les réseaux sociaux pour conscientiser les gens à propos des changements climatiques, mais nous pensons aussi que ça peut devenir une entreprise rentable.»

Selon John Doerr, le marché des technologies vertes sera bientôt plus important que l'internet. Depuis son fameux discours, il a cessé d'investir dans des entreprises web afin de se concentrer sur cette industrie. Les deux étudiants ne sont donc pas seuls à voir de l'avenir de ce côté, mais ils ne négligeront pas l'internet pour autant. «Il y a beaucoup d'optimisme autour des technos vertes, constatent-ils. Mais l'internet doit aussi aider à contrer les effets des changements climatiques.»