Le site internet de Second Life, devenu pour certains un monde de perdition dont il faut protéger les mineurs, abrite désormais quantité de lieux de culte virtuels, d'où le prosélytisme n'est pas absent.

Le site internet de Second Life, devenu pour certains un monde de perdition dont il faut protéger les mineurs, abrite désormais quantité de lieux de culte virtuels, d'où le prosélytisme n'est pas absent.

«Il y a eu une grande explosion de groupes religieux dans Second Life», affirme Tom Boellstorff, professeur à l'Université d'Etat de Californie, qui a passé trois ans à étudier les religions qui s'exposent virtuellement sur le site.

Second Life, créé en 2003, est un univers virtuel en trois dimensions sur internet qui rassemble quelque 9 millions d'adeptes et où chacun peut évoluer en se dotant d'un avatar (double numérique) et où toutes les fantaisies et activités sont possibles et permises.

Les principales religions monothéistes ont ainsi des antennes sur Second Life. «Il y a des endroits comme "l'île juive" où l'on peut se convertir en un clic», dit Tom Boellstorff.

Les jésuites, par exemple, considèrent très sérieusement Second Life comme une «terre de mission».

«S'il y a des personnes qui s'expriment à travers les métaphores de Second Life, et certaines d'entre elles expriment aussi des besoins d'ordre spirituel, alors nous ne devons peut-être pas ignorer la possibilité de répondre à cette demande», expliquait récemment un article de la revue italienne des jésuites, Civilta Cattolica.

«Au fond, la Terre numérique peut être, elle aussi, considérée comme "Terre de mission". De toute manière, Second Life n'est pas un lieu qu'il faut laisser privé d'occasions de rencontres et de croissance et chaque initiative capable d'animer de manière positive ses habitants doit donc être considérée favorablement», ajoutait l'article.

L'idée des jésuites italiens a reçu le même jour un accueil favorable du Vatican, prêt «à relever avec enthousiasme le défi».

«Il est certain que l'idée des jésuites est un défi mais je suis enthousiaste à l'idée de le relever», a déclaré l'archevêque Claudio Maria Celli, responsable des organes de communication du Vatican (Osservatore Romano, Radio Vatican, Centre de télévision du Vatican) ainsi que des rapports de l'Eglise catholique avec les médias.

«Je vois d'un très bon oeil la proposition des jésuites, elle me semble positive et intéressante. Nous, en tant qu'Eglise, pensons qu'internet est un monde énorme (...) où nous voulons être présents et où nous sommes déjà présents», a poursuivi Mgr Celli, affirmant réfléchir à la création d'un site du Vatican sur Second Life.

Résident de Second Life, Muhammedyussif Wikinger, qui dans la vie réelle est un psychiatre de 64 ans habitant en Suède et qui s'appelle Mohammed Youssif Widhe, a créé une mosquée virtuelle, réplique de la grande mosquée de Cordoue (Espagne).

Sa mosquée virtuelle compte 150 adeptes et comme dans une véritable mosquée les visiteurs sont priés de se déchausser à l'entrée, de laver leurs mains une fois à l'intérieur et les femmes doivent être voilées.

«Quand je prie sur mon tapis de prière à la maison, mon avatar prie dans la mosquée virtuelle», dit-il.

Beth Odets, de son côté, a créé le Temple virtuel Beit Israel, où elle allume des bougies chaque vendredi soir pour le shabbat. Avec un petit aménagement: ne pouvant utiliser l'électricité, et donc son ordinateur, conformément aux règles du shabbat, elle le fait deux heures avant le coucher du soleil pour ne pas être en conflit avec ses pratiques religieuses dans la vie réelle.

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