À la maison ou au bureau, le courriel fait partie de nos vies, mais nos usages ne se sont pas encore bien adaptés. Qui n'a jamais commis une gaffe monstrueuse ou provoqué un malentendu par courriel? Une critique personnelle envoyée directement à l'intéressé au lieu d'un confident, un billet érotique reçu par tous les collègues du bureau... S'il faut en croire les témoignages recueillis par Actuel, la majorité des gaffes sont dues à une erreur d'adressage.

À la maison ou au bureau, le courriel fait partie de nos vies, mais nos usages ne se sont pas encore bien adaptés. Qui n'a jamais commis une gaffe monstrueuse ou provoqué un malentendu par courriel? Une critique personnelle envoyée directement à l'intéressé au lieu d'un confident, un billet érotique reçu par tous les collègues du bureau... S'il faut en croire les témoignages recueillis par Actuel, la majorité des gaffes sont dues à une erreur d'adressage.

Les boutons «répondre», «répondre à tous» et «faire suivre« sont dangereusement proches dans les logiciels et sites de courriel. Un soubresaut involontaire de la souris et on clique sur le mauvais bouton, sombrant aussitôt dans des histoires d'horreur qu'on n'aurait jamais vécues avant l'invention de cette technologie.

Quand Martin (nom fictif) étudiait à l'université, il a découvert qu'un de ses professeurs menait une deuxième vie de chanteur amateur. Depuis, il est devenu un de ses collègues. Quand ledit professeur a envoyé à tout le département par courriel sa nouvelle chanson en MP3, Martin a voulu faire écouter ce chef-d'oeuvre à une amie.

«J'ai écrit : "Elle est pas mal mononcle, sa chanson. Qu'il poursuive ses rêves..."», raconte Martin, qui a eu très chaud ce jour-là.

«En fait, je l'ai envoyé par erreur à tous nos collègues. J'étais dans tous mes états. Je pensais qu'ils allaient me trouver con de traiter un collègue de mononcle. Même si beaucoup pensaient sûrement la même chose, c'était irrespectueux! J'hésitais à lui écrire pour m'excuser. Finalement, j'ai été chanceux, car le message était trop gros et le serveur l'a refusé.»

Mais la plupart des courriels se rendent à destination. C'est ainsi que Judith, «intensément intéressée» par un camarade d'université, lui a écrit, malgré elle, à quel point elle le trouvait «formidable, beau, et terriblement sexy».

«J'ai écrit ça en transférant un de ses courriels à une amie, poursuit-elle. Vous devinez la suite : au lieu de le transférer, j'ai cliqué sur répondre, et c'est lui qui l'a reçu! J'ai constaté mon erreur juste après avoir cliqué. J'ai carrément paniqué, j'ai été sous le choc pendant des heures, me traitant de tous les noms. Mon amie a hurlé de rire quand je l'ai appelée, mais moi, j'étais totalement décontenancée.»

L'intéressé, lui, était ravi de cette déclaration involontaire. «Il a trouvé ça charmant. On s'est même fréquentés pendant quelques mois, et on est toujours en contact. Mais mettons que depuis ce jour, je fais très attention avant d'envoyer mes courriels. Chaque fois que je repense à cette histoire, je peux revivre le frisson de terreur que j'ai eu devant mon écran!»

Autre ennemie à surveiller pour éviter les gaffes : la fonction qui complète automatiquement le nom du destinataire. C'est à cause de celle-ci qu'un courriel «enragé» de Jean (nom fictif), journaliste indépendant, a été envoyé par erreur à l'objet de sa rage.

«Mon chef de pupitre m'avait refusé de bonnes idées d'articles. J'ai voulu lui écrire un courriel très fâché, puis je l'ai effacé en me disant : va faire une marche, ça ira mieux», raconte-t-il.

«En revenant, ça n'allait pas mieux, et j'ai décidé de raconter ça à un ami. J'en ai mis très épais. Mais comme ils portent le même prénom, le logiciel l'a adressé à mon chef de pupitre! Je me suis senti mal en maudit. On était vendredi, et j'ai passé le week-end à essayer de le joindre toute la soirée pour m'excuser. J'étais sûr que j'avais perdu ma job. Finalement, quand il a tout reçu le lundi matin, il a préféré en rire avec moi.»

Parfois, le destinataire est le bon, mais c'est le contenu qui manque cruellement de précision. Quand Jano (nom fictif) a reçu l'horaire des funérailles du père d'une amie, elle l'a fait suivre à d'autres personnes en retirant la fin du texte, où son amie confiait sa peine de façon personnelle. Mais elle a aussi supprimé une information cruciale.

«Mon courriel ne faisait plus référence à une tierce personne, et une de mes amies a cru que c'était mon père qui était décédé, dit-elle. Ça l'a vraiment mise dans un état de choc. Sa réponse était assez intense et m'a fait sentir vraiment poche...»

Quantité et qualité !

Outre les fatales erreurs d'adressage qui peuvent nous mettre dans l'embarras en un clin d'oeil, il faut faire aussi attention à la quantité et à la qualité des courriels que l'on envoie. Tant la maîtrise de l'outil que ses règles de bienséance restent encore floues pour bien des gens.

«Les gens faisaient face au même problème quand le téléphone a été inventé : ils n'étaient pas sûrs de ce qu'il était approprié de faire. À l'époque, certaines personnes trouvaient très grossier d'envoyer une invitation à quelqu'un par téléphone, et on ne savait jamais quelle était la bonne façon de saluer son interlocuteur», explique Will Schwalbe, consultant dans le milieu de l'édition à New York, qui vient de publier un livre sur les bons usages du courriel, SEND : The Essential Guide to Email for Office and Home.

Sur le site web de l'ouvrage, écrit avec le journaliste David Shipley du New York Times, les internautes sont invités à raconter leurs pires gaffes et malentendus dus au courriel (ThinkBeforeYouSend.com).

«En écrivant ce livre, nous avons fait une grande découverte : si vous envoyez de meilleurs courriels, vous en recevrez de meilleurs, dit M. Schwalbe. La plupart des messages qu'on envoie sont trop vagues et ça prend de nombreux échanges avant de déterminer l'heure d'un rendez-vous ou la signification d'une phrase. En prenant un moment pour bien rédiger ses courriels, on évite des échanges inutiles et irritants. Et quand un problème n'est pas réglé après 20 courriels, il est peut-être temps de se donner un coup de fil!»

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