Les groupes audiovisuels traditionnels affrontent une concurrence de plus en plus vive des nouveaux programmes de divertissement disponibles sur Internet, qui érodent leur audience et du même coup leurs recettes publicitaires.

Les groupes audiovisuels traditionnels affrontent une concurrence de plus en plus vive des nouveaux programmes de divertissement disponibles sur Internet, qui érodent leur audience et du même coup leurs recettes publicitaires.

«Les gens, de part le monde, commencent à passer plus de temps devant leur ordinateur qu'à regarder la télévision», note Peter Balzagette, directeur artistique de la société de production Endemol, leader mondial des émissions de télé-réalité.

Présents en force au marché annuel international des programmes de télévision (MIPTV) de Cannes, les pays asiatiques proposent un catalogue impressionnant de jeux vidéos, de mondes virtuels et de plate-formes d'échanges de vidéos d'amateurs ou d'oeuvres musicales, tous placés, comme YouTube ou My Space, sous le signe de l'interactivité.

L'un des invités d'honneur du salon est le PDG de la société sud-coréenne SK Communications, qui tente d'introduire en Europe «Cyworld», un monde virtuel dont la popularité en Corée rivalise avec celle de «Second Life» en Europe.

Longtemps spécialisée dans les programmes pour la télévision, la société Endemol saute à son tour le pas et annonce «Virtual Me» (Mon moi virtuel), un programme réalisé en partenariat avec Electronics Art, l'un des principaux éditeurs de jeux vidéo dans le monde. Les consommateurs auront la possibilité de créer leur propres «avatars» qui pourront jouer dans un monde virtuel le rôle que jouaient des participants en chair et en os dans les émissions de télé-réalité produites par Endemol, comme le Loft ou Star Academy.

Dirigeants de grands groupes audiovisuels et publicitaires se sont affrontés au cours d'une table ronde organisée dans le cadre du salon pour savoir si la télévision restait le meilleur moyen de toucher les consommateurs.

Pour Eric Schrier, du groupe américain FX Network, la télévision «reste le seul moyen pour un publicitaire de toucher les trois quart d'une audience donnée en moins de trois semaines». Pour sa part, le publicitaire allemand Thomas Strerath (OgilvyOne Worldwide) estime que la publicité sur Internet est plus efficace parce qu'elle permet de coller davantage au consommateur.

PDG du groupe audiovisuel luxembourgeois RTL Group, Gerhard Zeiler a invité ses pairs à ne pas craindre le développement des programmes de divertissement sur Internet.

Pour lui, les contenus que proposent les grandes chaînes mondiales, portés par des marques fortes, resteront longtemps un produit attractif, fédérateur d'audience. Il a cité le cas de la chaîne française TF1, qui malgré une érosion de son audience ces dernières années, capte la moitié du marché publicitaire.

Il a insisté notamment sur le rôle que joue la fiction pour fédérer les audiences, notamment les séries américaines de plus en plus diffusées en Europe, et invité les producteurs européens à s'inspirer de ce modèle.

Enfin, il a souligné que les groupes audiovisuels traditionnels pouvaient profiter du développement de l'industrie numérique pour valoriser leurs programmes, en les vendant en avant-première selon le système de la vidéo à la demande, en permettant de les télécharger après diffusion, ou en les vendant sous forme de DVD.

Selon lui, la vidéo à la demande, la télévision sur mobile ou sur ordinateur «ne sont pas une concurrence, mais une occasion de distribuer nos contenus et nos marques à une audience encore plus large».