«Nous aimons la musique. Passionnément. Pour la très grande liberté de création qu'elle nous accorde et sans laquelle nous préférerions garder le silence.»

«Nous aimons la musique. Passionnément. Pour la très grande liberté de création qu'elle nous accorde et sans laquelle nous préférerions garder le silence.»

Voilà ce qu'on peut lire sur la page d'accueil de www.123jam.com, site internet d'une communauté de musiciens d'expérience ayant choisi les chemins de traverse. Chemins virtuels, s'entend.

«Nous sommes de vieux amis qui faisons de la musique professionnellement depuis au moins 30 ans. Il y a quelques années, nous avons entrepris d'organiser des jam sessions mensuels chez notre collègue Jacques Mignault, musicien et informaticien. Au fil des rencontres, nous avons réalisé que nous avions plein de musique en nous. Ça nous sortait par les oreilles!» raconte Pierre Veniot, saxophoniste et manager du magasin d'instruments chez Archambault musique.

Plus précisément, www.123jam.com a été fondé en 2005 par Jacques Mignault avec pour premier objectif (essentiellement ludique) de diffuser les enregistrements des jam sessions tenus dans son studio. Par la suite, un désir est né de produire et de commercialiser le travail des musiciens impliqués dans ces séances d'improvisation. Mais comment le faire? On sait que très peu d'étiquettes de disques se montrent désormais intéressées à produire des créateurs de musique instrumentale, d'où ce projet de label virtuel dont les CD ne se trouvent pas (encore) en magasin.

«L'impact d'internet sur les ventes de disques conduit l'industrie de la musique à prendre moins de risques, constate Pierre Veniot. Les maisons de disques optent généralement pour des projets plus rentables à court terme. Et puisque la musique instrumentale, c'est-à-dire la nôtre, s'adresse à des publics plus restreints, il nous fallait nous prendre en main et collecter nous-mêmes le cash!»

«C'est d'ailleurs la raison pour laquelle nous aimons employer l'expression musique indie équitable. En fait, plus de 50 % des bénéfices reviennent à l'artiste une fois payés les frais de production - ils ont préalablement été partagés entre l'artiste et le producteur. Alors que dans une maison de disques, on ne toucherait que 5 à 10 % des bénéfices après avoir remboursé les frais de production. Dans ces conditions équitables, donc, nous ne sommes pas obligés de vendre énormément de disques pour faire nos frais. Par ailleurs, nous développons nos concepts publicitaires dont nous partageons aussi les frais avec 123jam. Ainsi nous remplissons un vide et il est envisageable que d'autres artistes se joignent bientôt à nous.»

Jacques Mignault, qui présidait dans une autre vie aux destinées du groupe jazz-fusion Agharta, est l'instigateur de cette entreprise; informaticien spécialisé dans le design de logiciels, il a lui-même créé le site internet www.123jam.com, il agit comme producteur avec les artistes impliqués dans cette aventure - aux côtés de Jacques Mignault et Pierre Veniot, on retrouve le multi-saxophoniste et multi-flûtiste Michel Dubeau ainsi le tromboniste et multi-instrumentiste Raoul Cyr.

On fera remarquer en outre que Jacques Mignault s'exprime aussi en tant que musicien dans les projets de Michel Dubeau et de Pierre Veniot en plus de préparer son propre album.

«Il n'a jamais lâché la musique, mais il n'aime plus jouer sur scène, préférant le studio», indique son collègue saxophoniste.

Récemment, trois albums ont été lancés conjointement par 123jam : Storias, jazz-world de Pierre Veniot, Matsu Take, duo de flûtes shakuhachi (Michel Dubeau et Bruno Deschênes), et La Cité des vents du trio à tendance celtique Aveladeen (Michel Dubeau, Raoul Cyr et Benoit Chaput). Le répertoire de 123jam comprend d'ores et déjà huit albums.

Et le modèle d'affaires?

«Nos jam sessions sont offerts gratuitement en ligne mais nous vendons sur demande nos CD (physiques) au prix de 15 $. Très bientôt, nous offrirons notre musique en téléchargement. De toutes les manières possibles, nous voulons faire connaître notre site internet, nous voulons nous positionner le mieux possible dans les moteurs de recherche en créant un maximum d'hyperliens. Nous ne cessons d'ailleurs d'ajouter de nouveaux contenus à notre site - nos interviews par exemple.»

Pierre Veniot observe que le trafic augmente sur www.123jam.com mais ça ne se traduit pas encore en ventes.

«Ce n'est qu'un début mais continuons le combat, dit le musicien à bâtons rompus. Écoute, ça fait 30 ans qu'on fait de la musique! On les a toutes entendues, on a cru au rock'n'roll dream Aujourd'hui, on est réalistes avec un fond d'optimisme. Parce qu'on fait de la bonne musique et qu'on y croit.»