Les médias américains traditionnels connaissent une mue difficile, bousculés par la généralisation de l'Internet mais celui-ci ne va pas sans créer de nouveaux problèmes, sur les droits d'auteurs et la crédibilité.

Les médias américains traditionnels connaissent une mue difficile, bousculés par la généralisation de l'Internet mais celui-ci ne va pas sans créer de nouveaux problèmes, sur les droits d'auteurs et la crédibilité.

«Les principaux patrons de presse américains réalisent maintenant qu'ils perdent sans cesse du terrain dans la bataille pour l'attention» des lecteurs, soulignait récemment le milliardaire Warren Buffett, actionnaire du quotidien Washington Post.

«En fait, de nombreux dirigeants de journaux, chroniqueurs et observateurs des principaux événements mondiaux n'ont même pas vu ou n'ont pas fait attention à ce qui se passait sous leur nez», a-t-il ironisé.

Selon une récente étude du centre de recherche Pew, 43% des Américains se tournent maintenant vers l'internet pour leurs nouvelles tandis que 17% lisent d'abord un journal national.

Les recettes publicitaires en 2006 ont baissé de 3,3% pour la presse locale américaine et celles de la presse nationale n'ont progressé que de 3,3%, selon le cabinet TNS media intelligence.

La télévision n'est guère mieux lotie, avec une hausse générale de 5,3% de ses recettes publicitaires. Celle-ci cache toutefois une progression de 10,4% pour les messages politiques --2006 était une année électorale aux Etats-Unis-- mais de seulement 2,5% pour les spots commerciaux sur les chaînes hertziennes.

Le grand vainqueur est l'internet, qui attire le lectorat et les recettes publicitaires. Elles ont bondi pour ce support de 17,3% l'année dernière. A 9,76 milliards de dollars, elles restent encore loin derrière la télévision (65,4 milliards) et la presse (58 milliards) mais elles se rapprochent de celles de la radio (11 milliards).

Le géant de l'internet Google a lancé la mode de la publicité ciblée s'adaptant au profil de l'utilisateur et s'arroge aujourd'hui 30% des recettes publicitaires mondiales sur l'internet, devançant son principal concurrent Yahoo! (20%).

L'internet a aussi apporté aux lecteurs la possibilité de non seulement prendre connaissance des informations mais aussi de les répercuter avec l'explosion des blogs et des moyens de communication.

«Nous allons tous devenir nos propres éditeurs, que ce soit en +googlant+, en téléchargeant des images sur nos téléphones ou lecteurs MP3. C'est le consommateur désormais qui est à la barre, plus le journaliste», affirme à l'AFP Tom Rosenstiel, directeur du Project for Excellence in Journalism.

L'expression «citizen journalist» (citoyen journaliste) est entrée dans le langage courant aux Etats-Unis alors que le succès foudroyant du site d'échanges de vidéo sur l'internet YouTube, racheté l'an dernier par Google, a donné à chacun le pouvoir de se mettre en scène.

Mais il met aussi en exergue la question des droits de propriété intellectuelle. Le groupe de médias américain Viacom vient de déposer plainte contre YouTube, réclamant un milliard de dollars de dommages et intérêt pour utilisation illégale de ses produits.

Le récent exemple d'une vidéo «fabriquée», mettant en scène la candidate démocrate à la présidentielle de 2008 Hillary Clinton, soulève aussi des questions de crédibilité.

La métamorphose des médias va aussi changer les habitudes de vie. La sacro-sainte télévision et ses programmes à heure fixe fait place aux systèmes d'enregistrement en continu (TiVo), à la vidéo à la demande et aux boitiers sans fil comme le tout nouveau iTV d'Apple qui permet de regarder sur un écran de télé les images enregistrées sur un ordinateur.

«C'est un croisement entre internet et télévision, inimaginable il y a dix ans. Dans deux ans, la télévision ne sera plus un boîtier spécialisé, mais l'un des éléments d'un réseau domestique, sans fil», explique Tim Hanlon, du cabinet d'analyse stratégique Denuo.

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