Le Parti libéral du Québec tente de former un escadron de jeunes qui aura pour mission de noyauter les blogues pendant la campagne électorale.

Le Parti libéral du Québec tente de former un escadron de jeunes qui aura pour mission de noyauter les blogues pendant la campagne électorale.

Dans un courriel envoyé par la responsable des communications-nouveaux médias du Regroupement 25-35 ans du PLQ, Magalie Laliberté, et obtenu par La Presse, on apprend que ce corps bénévole sera également invité à participer à des tribunes téléphoniques ou à des entrevues à la télé et à la radio.

«Je sollicite votre participation en tant que membres du Parti libéral ou sympathisants, peut-on lire. Nous formons une équipe de jeunes (20-35 ans), prête à véhiculer les idées et valeures (sic) du PLQ au sein des nouveaux médias que sont les blogues.»

Les blogues sont des sites Internet de facture généralement modeste sur lesquelles leurs auteurs, souvent de simples citoyens, expriment leurs opinions. Les internautes qui les visitent sont invités à laisser des commentaires ou à critiquer l'opinion de l'auteur. Les bénévoles qui répondront à l'appel du PLQ «sont en fait invités à défendre librement les positions du parti» sur ces sites.

«Ils peuvent le faire à leur guise et sont libres de leurs opinions», a précisé hier Mme Laliberté, au cours d'une entrevue téléphonique.

Mme Laliberté affirme ne pas savoir combien de bénévoles participeront à cette initiative ni combien d'entre eux exploiteront leurs propres blogues pendant la campagne. «Ils n'ont pas à se rapporter (à nous). Mais l'initiative est très supportée par le parti», a-t-elle précisé.

Le Parti libéral ne sera pas le seul à s'intéresser de près aux blogues pendant la campagne électorale. La semaine dernière, une campagne de «marketing viral» a été déclenchée par le Parti québécois sur le site bondebarras.tv dans le but, entre autres, de faire parler de lui dans la blogosphère québécoise.

Le PQ ouvre ses portes à un blogueur

En juin dernier, le Parti québécois a aussi ouvert les portes de son Conseil national sur l'éducation au blogueur Mario Asselin, qui a été dûment accrédité pour l'occasion. Selon ce dernier, malgré leur ouverture affichée, les partis politiques «n'ont cependant pas encore compris l'idée des blogues».

«C'est pour eux une curiosité et ils savent qu'ils doivent considérer les blogues avec un certain sérieux, affirme M. Asselin. Mais en même temps, ils n'ont pas encore accepté que c'est la possibilité de dialoguer qui fait la popularité de ces sites, et encore moins qu'une certaine transparence dans le dialogue leur permettrait d'aller encore plus loin dans la diffusion de leur message.»

Au Parti québécois, on considère les blogues à ce point influents qu'un «petit noyau d'employés permanents et de bénévoles» s'affaire aussi à surveiller en permanence l'information qui y circule.

«De nos jours, toute organisation politique sérieuse se doit de suivre de près les blogues, affirme le responsable des communications du PQ, Julien Beaudry. Nous sommes très conscients que les blogues et les sites comme YouTube ont un potentiel d'influence considérable et peuvent rapidement accaparer l'attention des médias de masse.»

Selon le politologue Thierry Giasson, un spécialiste des campagnes électorales actuellement professeur invité à l'Université Western Washington, la tentative du Parti libéral de noyauter les blogues est peut-être une première au Québec.

«En campagne, les partis cherchent toujours à former des corps de partisans qui pourraient redresser le message du parti s'il est déformé par les journalistes, explique-t-il. Qu'un parti cherche maintenant à contrôler l'information sur les blogues, ça nous montre à quel point le but ultime de toute campagne électorale est de maintenir une cohérence absolue dans la communication; de transmettre un seul et unique message. Pour les partis, les blogues ne doivent pas échapper à cette logique.»