Alors que les libéraux diffusent depuis une semaine des publicités radio pour vanter leur bilan, le Parti québécois mise sur une stratégie de «marketing viral» sur Internet pour faire parler de lui pendant la période de pré-campagne électorale.

Alors que les libéraux diffusent depuis une semaine des publicités radio pour vanter leur bilan, le Parti québécois mise sur une stratégie de «marketing viral» sur Internet pour faire parler de lui pendant la période de pré-campagne électorale.

Depuis 72 heures, le site bondebarras.tv, créé de toutes pièces par les stratèges péquistes et mis en ligne pour la Saint-Valentin, met en vedette Geneviève, une fausse mère de famille de 30 ans qui décrit une relation tumultueuse avec un homme.

«Quand je l'ai choisi, c'était la lune de miel. Il était plein de bonnes intentions», affirme la femme dans une vidéo tournée de façon volontairement minimaliste. «Mais rapidement, tout est devenu sombre. Il ne m'écoutait plus. (...) Un jour, je me suis rendu compte qu'il me mentait. Ça fait quatre ans que ça dure», ajoute-t-elle.

Au bas de l'écran, un lien invite les internautes à partager la vidéo avec leurs amis. Un autre hyperlien mène vers un formulaire d'adhésion au Parti québécois, sur le site www.pq.org.

Apparu à la fin des années 90 mais popularisé récemment par la montée en puissance des blogues, le marketing viral est une forme de communication utilisant les réseaux sociaux sur Internet et les courriels pour propager un message.

Les messages ont souvent un caractère énigmatique, forçant les internautes à fouiller, à consulter des forums de discussion ou d'autres blogues pour comprendre de quoi il s'agit. Beaucoup d'éditeurs de jeux vidéo et de fabricants de consoles s'en servent pour faire connaître leurs produits. Plus récemment, GM et McDonald's s'y sont aussi adonnés.

Il s'agit de la deuxième campagne du PQ utilisant cette approche - une première traitant du rapatriement de la Constitution a été lancée début novembre sur le site nuitdeslongscouteaux.com. Et s'il faut en croire le responsable des communications au Parti québécois, Julien Beaudry, ce ne sera pas la dernière. «En 48 heures, nous avons eu autant de visites sur bondebarras.tv que ce que nous aurions normalement eu en 10 jours sur notre site national pq.org, soutient-il. Tout ça sans débourser le moindre sou pour acheter des bandeaux publicitaires, et dans le respect le plus total de la loi électorale.»

Peu d'imagination?

Mais aux yeux du consultant en commerce électronique Michel Leblanc, cette incursion dans le monde du marketing viral a bien peu de chances de connaître un succès retentissant dans la blogosphère québécoise, quoi qu'en dise le PQ.

«Le site a l'air poche en partant, dit-il, et il n'y a pas de possibilité de dialoguer ou de provoquer une discussion. Ça saute aux yeux que ça a été pensé par des gens de la vieille école de la communication qui cherchent à tout prix à contrôler le message.»

Selon lui, pour qu'un message se diffuse de façon virale sur la Toile, «il faut que les gens se sentent tellement concernés qu'ils le propagent d'eux-mêmes partout où ils peuvent. Pour ça, il faut que l'échange soit possible. C'est l'essence même des blogues.»

Le Parti libéral du Québec, qui entend lui aussi se servir de l'Internet comme jamais lors de la campagne électorale, n'a pas voulu confirmer hier si une approche semblable serait utilisée une fois les hostilités déclarées. «La campagne (de marketing viral) du PQ véhicule un message négatif. C'est une stratégie que nous voulons éviter», a cependant commenté Isabelle Melançon, responsable des communications pour le parti.

À lire aussi:

La nuit des longs couteaux sur le Web