Illustration parfaite du bouche à oreille, les vidéos diffusées sur YouTube.com permettent à leurs auteurs d'espérer un moment de gloire, qui, jusque-là, tardait à venir pour plusieurs d'entre eux.

Illustration parfaite du bouche à oreille, les vidéos diffusées sur YouTube.com permettent à leurs auteurs d'espérer un moment de gloire, qui, jusque-là, tardait à venir pour plusieurs d'entre eux.

Lancé au début de 2005 aux États-Unis, par Chad Hurley, Steve Chen et Tawed Karim, trois anciens employés de la firme PayPal, YouTube est rapidement devenu l'endroit idéal pour faire partager sans frais à la parenté sur Internet autant les souvenirs indescriptibles des dernières vacances passées à Flin Flon ou à St-Hubert, que la dernière création vidéo de tante Carole ou la plus récente ritournelle d'oncle Germain que même les radios communautaires refusaient de passer à 4 h du matin.

Dire que YouTube est devenu un phénomène sur Internet tient de l'euphémisme. Selon les spécialistes du domaine, on parle de 100 millions de vidéos diffusées chaque jour. Une étude Hitwise réalisée en 2006 révélait que le site YouTube détenait autour de 45 % des parts du marché des plates-formes de diffusion de vidéo devant MySpace, Yahoo, MSN et Google. Devant une telle force de frappe, Google n'a eu d'autre choix que de faire une aguichante offre d'achat l'an dernier. Résultat, YouTube passait aux mains de Google pour 1,65 milliard $ en octobre 2006.

Si les publicitaires ont rapidement flairé la bonne affaire - Nike a déjà maquillé l'une de ses pubs en film amateur avec pour résultat 6,5 millions de consultations en neuf mois - certains artistes y ont également vu une véritable planche de salut.

Pour ne plus chanter dans le désert

En janvier 2006, Raymond Girard, chanteur, compositeur et professeur de danse à Orléans, lançait son premier cédé Êtes-vous prêts avec son ami Denis Lajeunesse, de Rockland. Mais c'est pas toujours évident quand on a «une musique trop diversifiée pour les radios». Le découragement vient vite quand vos chansons ne trouvent pas preneur. Si son camarade s'est lassé du manque de public pour leur style rocko-westernien, notre «Koboy du Nord» a fait une dernière tentative quand il a découvert YouTube.

En mettant «entre deux et trois heures par vidéo» (sic), Ray Girard fait ainsi connaître les paroles de ses chansons comme Misère, son tube de l'heure ! La Condition des pauvres avec un petit salaire a déjà été entendue par plus de 3 000 visiteurs, selon le cow-boy. «YouTube, c'est la nouvelle manière d'être écouté», assure M. Girard. Il faut dire aussi qu'il use de certains trucs pour appâter le client. Quand on va dans YouTube, si on tape, par exemple, Céline Dion, on peut voir apparaître Ray Girard ! L'idole de Las Vegas sert ni plus ni moins de locomotive aux aspirations du chanteur franco-ontarien.

YouTube est à ce point efficace que Raymond Girard assure qu'une radio de Cornwall l'a déjà contacté ainsi qu'une radio de... Belgique pour avoir ses chansons.

Si ça marche pour M. Girard, ça marche aussi pour d'autres dans le même style. Samedi dernier, le Beauceron Fidel Lachance était invité à La Fureur de Radio-Canada. Lui aussi, son histoire avait commencé sur YouTube.

Si on peut sourire de ces «succès» ou maugréer souvent en raison de la piètre qualité du français utilisé dans leurs vidéos, pour ces artistes oubliés, ça demeure une façon «d'être de plus en plus connus».

- Les clips de Raymond Girard sur YouTube