En 2006, la blogosphère française est sortie du cercle des initiés pour imposer le blogue comme un outil grand public d'expression citoyenne ou personnelle, que cherchent à s'approprier médias, politiques et publicitaires.

En 2006, la blogosphère française est sortie du cercle des initiés pour imposer le blogue comme un outil grand public d'expression citoyenne ou personnelle, que cherchent à s'approprier médias, politiques et publicitaires.

2006 est aussi l'année où le «blogue» est entré dans le dictionnaire: «carnet de bord sur internet, animé par un individu ou une communauté» , selon le Petit Robert.

Rien de plus facile aujourd'hui que de créer un blog, disent hébergeurs et blogueurs. Les plates-formes offrant des espaces de «blogging» gratuits (avec publicité) ou payants (par abonnements mensuels de 3 à 15 euros) expliquent au néophyte le mode d'emploi. Il tient en trois clics : «Créez un compte», «Nommez votre blogue» et «choisissez un modèle».

Cette simplification technique et la multiplication des offres d'hébergement sur des plates-formes ad hoc, ou sur les sites de médias, ont bel et bien sorti le blogue de sa bulle.

La France est une blogueuse active mais il est difficile de mesurer l'ampleur de la vague, selon Gilles Klein, rédacteur en chef de pointblog.com, magazine né avec les blogues en 2003.

La blogosphère française compterait de un à huit millions de blogues, selon les études. Difficile aussi de mesurer sa place en Europe: les études comparatives s'appuient sur des échantillonnages limités d'internautes et de pays, selon M. Klein.

L'observatoire mondial de référence, technorati.com, qui comptabilise les blogues actifs pendant au moins trois mois, a ainsi recensé en juillet 50 millions de blogues, dont seulement 2% francophones.

Pourtant, les blogues thématiques, «narcissiques» ou militants essaiment sur la Toile, comme les soirées de blogueurs dans les cafés de l'Hexagone.

A Paris, La République des Blogs, lancée par une poignée de juristes et politiques parisiens, a rassemblé 200 personnes en novembre pour sa quatrième réunion mensuelle, dans une brasserie des Halles.

«Le mois prochain, il faudra trouver plus grand» , souligne «Versac» , blogueur initiateur de ces rendez-vous.

«Avec 7 ou 8 millions de lecteurs de blogues, les Français ont compris que le blogue était un outil de débat et d'influence extraordinaire» , dit à l'AFP Loïc Le Meur, responsable de Six Apart, hébergeur de plusieurs millions de blogues.

64% des Français et 72% des internautes y voient «une forme de démocratie» , selon une étude récente.

Médias et état-majors politiques, mobilisés pour la présidentielle de 2007, veulent donc occuper ce champ désordonné de dialogue et de polémique.

«Il y a une soif de débat dans ce pays. Et il a lieu sur les blogues qui jouent aussi un rôle de thermomètre de l'opinion» , explique à l'AFP Jérôme Dorville, directeur adjoint de la rédaction d'Europe 1, qui a lancé début novembre son premier blog, avec 50.000 pages vues les deux premières semaines et jusqu'à plus de 100 commentaires par jour.

Un constat partagé par le Parti socialiste, qui a ouvert au printemps une plate-forme de 50 blogues et organisé à l'automne des groupes de «e-militants» pour animer «la campagne numérique» de Ségolène Royal.

Côté UMP, on sait que «la blogosphère politique et citoyenne va jouer un rôle important» et qu'il faut «occuper cet espace» , selon Arnaud Dassier, conseiller internet du candidat Nicolas Sarkozy.

Et pour les publicitaires le blogue est une manne: Eric-Marie Bion, directeur général de Hi-Media, deuxième régie publicitaire française, revendique pour «seul métier celui de générer du revenu publicitaire sur le Net».