Le site gratuit d'échange de vidéos YouTube, qui draine aujourd'hui la plus grosse audience sur l'Internet dans ce domaine, se profile plus comme un casse-tête juridique pour son nouveau propriétaire Google que comme une poule aux oeufs d'or.

Le site gratuit d'échange de vidéos YouTube, qui draine aujourd'hui la plus grosse audience sur l'Internet dans ce domaine, se profile plus comme un casse-tête juridique pour son nouveau propriétaire Google que comme une poule aux oeufs d'or.

Lorsque Google a mis la main début octobre sur YouTube, start-up qui affiche 100 millions de clips vus par jour, le secteur a salué un joli «coup» qui allait placer Google en pôle position dans la vidéo en ligne. L'opération était synonyme d'énormes revenus à venir, reposant sur les recettes publicitaires, proportionnelles au nombre de pages vues.

YouTube est un site de partage de contenus libres de droits, réservé initialement aux vidéos amateur. Mais victime de son succès, le site «est menacé de poursuites pour violation de droits d'auteur, car les usagers publient des vidéos régies par le copyright mais aussi des vidéos amateurs contenant des contenus protégés», résume David Sohn, du Centre de promotion de la Démocratie et de la technologie.

De fait, YouTube a retiré jeudi de ses pages des vidéos de basket-ball de la ligue américaine NBA à la demande de celle-ci, qui invoquait une violation de ses droits d'auteur.

Le même jour en Allemagne, le club Bayern Munich et la Ligue nationale de football indiquaient étudier la possibilité de poursuivre Google-YouTube pour infraction à ses droits exclusifs de diffusion.

Une semaine plus tôt, YouTube avait dû retirer les vidéos d'émissions de la chaîne américaine Comedy Central (Viacom), dont les populaires Colbert Report et South Park. A la demande d'un organisme japonais défendant des droits d'auteurs, YouTube a aussi dû bloquer l'accès de quelque 30.000 clips.

Le problème est que le retrait de ces vidéos par YouTube n'empêche pas les utilisateurs d'en publier. Si le groupe a retiré des émissions du Daily Show par exemple, il est toujours aujourd'hui possible d'en regarder sur le site.

Le phénomène n'est pas nouveau, rapporte le site d'informations NewsCloud: «Plusieurs mois avant le rachat (de YouTube), les menaces de plaintes par des détenteurs de droits commençaient déjà à s'accumuler. Ces dernier envoyaient des notifications demandant le retrait de vidéos, et voyaient réapparaître presque immédiatement leurs travaux sur le site».

Google tente déjà de parer à cet imbroglio «qui risquerait de transformer YouTube en Napster bis», le site d'échange gratuit de musique qui a été poursuivi par les majors du disque et contraint à devenir un site payant et légal pour survivre, fait remarquer Carmi Levy, du cabinet Infotech.

Google a noué des partenariats avec les maisons de disques Universal Music et Sony ainsi qu'avec le groupe de télévision CBS pour des diffusions légales de leurs contenus, financées par la publicité.

Selon la presse, Google discute aussi activement avec d'autres majors du divertissement comme Viacom, Time Warner, NBC Universal et News Corp.

Certains observateurs voient la solution dans ces accords avec médias et propriétaires de contenus, reposant sur le versement par YouTube d'un pourcentage de ses revenus publicitaires. Mais personne ne se risque à chiffrer ce qu'il en coûterait à Google-YouTube de payer une dîme à chaque fois qu'un usager publie un contenu protégé.

YouTube ne faisant pas pour l'heure l'objet de plaintes, David Sohn suit de près l'évolution des poursuites lancées par Universal Music contre les sites d'échange de vidéos Bolt et Grouper.

«Ces affaires seront l'occasion de créer un précédent», explique-t-il, pariant que «ces sites s'engageront à respecter la loi sur les contenus numériques» (Digital Millenium Copyright Act). Celle-ci ne prévoit pas de pénalités si le contenu est retiré rapidement après demande de son propriétaire.

«Le problème est celui des revenus», précise M. Levy: «la loi établit que le service d'échange de contenus ne peut recevoir de recettes liée à l'activité en infraction, en l'occurrence la publicité pour YouTube».