L'administration américaine a mis sur pied une encyclopédie en ligne, ressemblant à l'encyclopédie gratuite sur l'internet Wikipedia, mais réservée à l'usage des services du renseignement américain.

L'administration américaine a mis sur pied une encyclopédie en ligne, ressemblant à l'encyclopédie gratuite sur l'internet Wikipedia, mais réservée à l'usage des services du renseignement américain.

Lancé en avril, le projet baptisé «Intellipedia» permet aux membres des différentes agences d'espionnage américaines de contribuer par des articles à partager des informations.

Le bureau du Directeur du renseignement national (DNI) estime que le projet va aider à changer profondément la culture des services secrets américains, particulièrement montrée du doigt après les attentats du 11 septembre 2001 lorsque l'on a reproché aux services du renseignement de ne pas avoir su faire le lien entre les différentes informations en leur possession.

«C'est une nouvelle façon de penser», a déclaré Michael Wertheimer, responsable de l'analyse technologique au bureau du DNI.

«Intellipedia» a d'abord été accueillie avec «beaucoup de résistance», a concédé M. Wertheimer parce que ce principe de partage de l'information va à l'encontre de la coutume du secret des agences du renseignement américaines.

«Il y avait beaucoup d'analystes qui disaient +je ne vais jamais utiliser cela, c'est du temps perdu+», a-t-il confié à des journalistes.

Fruit d'une génération de nouveaux espions férus de technologie, «Intellipedia» est déjà consultée par 3.600 utilisateurs et contient quelque 28.000 pages.

Au contraire de Wikipedia, qui est totalement ouverte et fonctionne sur la base de contributions anonymes, tous les articles d'«Intellipedia» sont signés et leur contenu n'est accessible qu'au personnel autorisé.

L'ouvrage a par exemple été utilisé pour les rapports annuels du département d'Etat sur le terrorisme dans les différents pays, ainsi que pour un rapport du renseignement sur le Nigeria.

L'administration a indiqué qu'il était prévu d'en étendre l'accès à des services du renseignement au Canada, en Grande-Bretagne et au Canada.

Une partie non-confidentielle et consacrée aux menaces de maladies infectieuses devrait être consultable par un plus large groupe de pays, dont la Chine.

«Cet outil nous permet aussi d'avoir de différents points de vues sur un sujet sans avoir à faire un résumé qui se force à trouver un consensus qui n'est pas forcément le reflet de toutes les agences du renseignement», a par ailleurs expliqué Don Burke de la CIA.

Après le 11 septembre 2001, le Congrès a réorganisé les agences sous une même direction et leur a ordonné de coopérer.

Mais l'accès des analyses à un plus grand nombre d'utilisateurs comporte aussi des risques de fuites.

«Nous prenons des risques», a reconnu M. Wertheimer.

«Vous avez le risque de mettre un avis du renseignement national sur Intellipedia où vous avec des dizaines de milliers d'utilisateurs qui n'ont pas vraiment besoin de le voir. Cela peut finir dans les médias», a-t-il indiqué.

Malgré ces soucis de sécurité, «Intellipedia» représente un moyen utile de contourner les points de blocage entre la trentaine de systèmes informatiques incompatibles des différentes agences du renseignement, a indiqué James Lewis du Center for Strategic and International Studies (CSIS), un institut d'études de Washington.