Le site YouTube.com, devenu en quelques mois le numéro un de la vidéo sur Internet grâce à ses films courts et souvent comiques, pourrait bientôt attiser les convoitises de prédateurs, alors qu'il s'est déjà associé avec une grande chaîne de télévision américaine.

Le site YouTube.com, devenu en quelques mois le numéro un de la vidéo sur Internet grâce à ses films courts et souvent comiques, pourrait bientôt attiser les convoitises de prédateurs, alors qu'il s'est déjà associé avec une grande chaîne de télévision américaine.

«Le site à la croissance la plus rapide», «un phénomène de l'Internet»: les superlatifs ne manquent pas pour décrire l'ascension fulgurante de YouTube.

«Ce site est à la vidéo ce que Myspace.com est au réseau de socialisation», résume Phil Leigh, du cabinet Inside Digital Media.

Fondé en février 2005, YouTube a vu sa fréquentation décoller au cours des derniers mois. Le nombre de visiteurs a quadruplé aux États-Unis entre janvier et juin, selon l'institut Nielsen/Netratings.

Le site jouit désormais de 60% de parts de marché, dépassant Yahoo!, MSN (Microsoft), Google ou AOL pour les vidéos visionnées sur Internet, a aussi rapporté l'institut de mesure d'audience Hitwise.

Mi-juillet, YouTube annonçait avoir franchi la barre symbolique de 100 millions de documents vidéo regardés gratuitement chaque jour sur son site.

La recette de ce succès, selon Phil Leigh: «beaucoup d'humour et une grande simplicité d'utilisation».

Une fois un compte créé, n'importe quel internaute peut en effet mettre en ligne ses propres vidéos, très souvent drôles, en leur associant quelques mots clés. Seule limitation: elles doivent durer 10 minutes maximum.

«YouTube bénéficie d'un cercle vertueux, explique Scott Kessler, analyste de l'agence de notation de Standard and Poor's: plus le site s'enrichit en contenu, plus il gagne en visiteurs, qui fournissent à leur tour du contenu».

Parmi les vidéos les plus populaires, celle d'un jeune Américain reprenant en version rap la chanson des Pokémons a été vue près de 15 millions de fois depuis sa mise en ligne, à l'automne.

D'autres vidéastes amateurs ont été repérés sur le site et incités à enregistrer des albums ou des émissions télé.

Ce succès n'a d'ailleurs pas échappé aux chaînes de télévision. La chaîne NBC, après avoir sommé YouTube de retirer du site des extraits de son émission «Saturday Night Live», dont il ne détenait pas les droits, s'est finalement ravisé devant le succès du show sur Internet. «L'émission était davantage visionnée sur le site qu'à la télévision», explique Scott Kessler.

La chaîne, filiale du groupe General Electric, a du coup signé en juin un partenariat pour diffuser les clips de ses émissions et des publicités sur YouTube, et s'est en contrepartie engagée à le promouvoir dans certaines de ses émissions.

«Nous sommes en train de bâtir la nouvelle plate-forme au service des médias du monde entier», estimait d'ailleurs Chad Hurley, l'un des cofondateurs du site basé à San Mateo (Californie) dans une vidéo diffusée sur YouTube.

Le site pourrait ainsi connaître le même destin que MySpace, racheté à l'été 2005 pour 580 millions de dollars par News Corporation, ou que les logiciels de téléphonie en ligne Skype, avalés il y a un an par eBay, pour 2,6 milliards de dollars.

«Comme Skype, YouTube est leader dans son segment, bénéficie d'une marque très connue, est renommé pour sa technologie et sa simplicité d'utilisation...sans pour autant générer encore de gros profits», remarque M. Kessler. «Et je ne pense pas que Skype était aussi "sexy" que YouTube, au moment de son rachat !», poursuit l'analyste.

Si aucune offre n'a encore jamais été faite à YouTube, le quotidien New York Post estimait dans un article fin juillet que l'entreprise, qui compte une cinquantaine de salariés, pourrait être valorisée entre 600 millions et 1 milliard de dollars.

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