Si la tirade antisémite de Mel Gibson est tout à fait choquante, il est tout aussi saisissant de constater à quelle vitesse le scandale a pris de l'ampleur et causé du même coup un tort considérable à l'une des carrières les plus riches d'Hollywood.

Si la tirade antisémite de Mel Gibson est tout à fait choquante, il est tout aussi saisissant de constater à quelle vitesse le scandale a pris de l'ampleur et causé du même coup un tort considérable à l'une des carrières les plus riches d'Hollywood.

En 24 heures à peine, l'arrestation et le comportement de M. Gibson à Malibu avaient suscité des accusations de camouflage, des révélations exclusives, des excuses et une entrée rapide dans un centre de désintoxication.

Pendant ce temps, les représentants de Gibson et les dirigeants de Walt Disney tentaient d'estimer l'impact de l'incident sur les projets communs du cinéaste et de l'entreprise.

Lundi, Hope Hartman, porte-parole du réseau ABC, une filiale de Disney, a annoncé que la compagnie mettait fin au projet d'une minisérie sur le thème de l'Holocauste qu'elle devait préparer en collaboration avec M. Gibson.

«Puisqu'il en est question depuis presque deux ans et que nous n'avons pas même vu un brouillon de scénario, nous avons décidé de laisser tomber ce projet avec Icon», a déclaré Mme Hartman, en faisant référence à la compagnie de production de M. Gibson.

Elle n'a pas fait de liens directs entre la fin du projet et les propos de M. Gibson. Toutefois, ces propos avaient déjà suscité des critiques virulentes de certaines personnes, selon lesquelles Gibson s'était disqualifié de toute possibilité de poursuivre le projet de série, malgré les excuses offertes pour plusieurs remarques antisémites.

Gestion de crise

Pendant ce temps, ceux dont le travail consiste à gérer des crises étaient déjà à constater la vitesse record à laquelle cet incident déplorable en était venu à menacer toute une carrière.

«L'omniprésence de l'Internet a provoqué une accélération considérable de la dissémination des nouvelles», indique Michael S. Sitrick, président de Sitrick & Company, qui se spécialise en communications en périodes de crise.

Le message, insiste-t-il, est qu'aucun incident ne peut être considéré comme mineur quand on vit de sa célébrité: «J'aurais réagi très vite, même si on l'avait seulement rapporté dans le Malibu Times.»

Dans le cas de M. Gibson, ce n'est pas le Malibu Times, mais bien un site Internet dédié aux célébrités, TMZ.com, propriété de Time Warner, qui a mis le feu aux poudres.

Vendredi soir, TMZ avait mis en ligne quatre pages d'un rapport de police décrivant le comportement agressif de M. Gibson et une série de propos déplacés, dont plusieurs commentaires profondément insultants envers les juifs.

En fin de journée samedi, toutefois, M. Gibson avait émis un communiqué pour s'excuser de ses propos. Le lendemain matin, le Los Angeles Times rapportait - dans un reportage cosigné par non moins de 11 journalistes - qu'un comité de supervision avait déjà décidé de faire enquête pour savoir si M. Gibson avait profité d'un traitement de faveur.

Pour M. Gibson, les choses ont commencé à mal tourner jeudi soir, alors qu'il passait sa soirée à boire et à se faire prendre en photo au Moonshadows, un restaurant et bar de Malibu où il avait été fréquemment vu au cours des dernières semaines.

Quand, dans un état d'ébriété évident, M. Gibson a annoncé son intention de quitter les lieux, des employés lui ont offert d'appeler un taxi ou de le reconduire, selon une personne présente lors des événements, mais qui a préféré garder l'anonymat, dans le contexte de l'enquête en cours.

M. Gibson a alors refusé l'aide proposée et a sauté dans sa Lexus, avant d'être rapidement intercepté pour excès de vitesse, puis arrêté pour conduite en état d'ébriété.

D'après le rapport du policier qui a effectué l'arrestation, James Mee, M. Gibson a demandé à ce dernier s'il était juif, en lui disant qu'il allait «se venger». Au cours d'une tirade ponctuée de nombreuses obscénités, incluant «une volée de propos antisémites», M. Gibson s'est vanté d'avoir «Malibu dans sa poche». Selon le rapport, les policiers ont dû passer les menottes au cinéaste après qu'il ait tenté de s'échapper.

M. Gibson a passé la majeure partie de la dernière année à tourner Apocalypto, un film singulier tourné au Mexique avec des acteurs locaux, qui raconte une épopée de guerre chez les Mayas.

À l'origine, la sortie du film était prévue pour le mois d'août, mais elle avait été retardée après des problèmes de tournage provoqués par de fortes pluies.